C-187 - Collision
Sorti le: 01/09/2007
Par Jean-Philippe Haas
Label: Mascot Records
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L’équation à zéro inconnue proposée par C-187 est la suivante : C-187 = Pestilence + Cynic + Death + B-Thong. Que vient faire alors ce « super-groupe » dans les pages de Progressia ? En vérité, il serait totalement impensable, eu égard au passé de ses musiciens, de se priver d’encaisser cette violente Collision.
Las de la musique et de ses contingences, le guitariste Patrick Mameli se volatilise au milieu des années quatre-vingt dix avec son groupe de death metal Pestilence, et ne refait surface que récemment pour se lancer dans un nouveau projet pour lequel il rassemble une belle brochette de pointures. Mameli n’a en effet pas choisi ses acolytes de C-187 au hasard, puisque qu’on y trouve l’immense batteur Sean Reinert (Death, Cynic, Aeon Spoke, Gordian Knot), le bassiste Tony Choy (Cynic, Atheist, Pestilence) et le hurleur Tony Jelencovich (M.A.N, Mnemic, Transport League, B-Thong).
Dans le code pénal californien, C187 définit un meurtre au premier degré… indice révélateur du contenu de ce Collision, véritable choc frontal entre les styles les plus brutaux du metal extrême. Mais C-187 ne propose pas qu’un mélange plus ou moins réussi de death, de neo metal ou de hardcore, Collision est pour ainsi dire le véhicule d’un style à part entière synthétisant puis expulsant le meilleur des influences qui habitent ses membres, sous forme de petites grenades (rarement plus de trois minutes), qui explosent avec force violence et efficacité. Musicalement, tout n’est donc que syncopes, déflagrations soudaines et rouleaux compresseurs. Les textes sont issus du même tonneau, C-187 ne se perd pas dans des messages codés ou métaphysiques : « Drugged And Mugged », « Murda », « Homicide », « Life is Dead », … des titres on ne peut plus éloquents.
Néanmoins, si les scansions/hurlements de Tony Jelencovich contribuent à imprimer un rythme plutôt facile à suivre, la trame musicale elle n’a rien de simpliste. Le trio dévastateur qui officie derrière le chanteur n’a pas pour habitude de donner dans la facilité et de faire tourner deux ou trois riffs en boucle sur un rythme binaire. Les cassures, les changements de rythme, quelques soli aussi courts que vénéneux, sont autant d’éléments venant dérouter l’amateur de hardcore qui pensait pouvoir sautiller sur un énième clone de Biohazard. L’efficacité est pourtant bien l’une des principales caractéristiques de Collision : qu’il s’agisse du titre éponyme, de « Roadblock », « Drugged and Mugged », « Rip Deal », « Murda », « New Territory » (on pourrait d’ailleurs citer la plupart des titres de l’album), limpidité et complexité s’intriquent pour exploser en une furie d’une immédiate portée.
Il faudra avoir les oreilles efficacement blindées pour encaisser jusqu’au bout cette déferlante de fureur brute… improbable d’une seule traite pour un appareil auditif normalement constitué. Cathartique, Collision se consomme donc avec modération, épisodiquement, et sans vaisselle à portée d’enceinte.