Seven Pines - Le Cri

Sorti le: 15/08/2007

Par Jean-Philippe Haas

Label: Le Cluricaun

Site:

Seven Pines est issu du cerveau éminemment torturé d’Eric Roger, qui officie également dans le groupe de folk moyenâgeux Gaë Bolg. Sur Le Cri, quatrième album de Seven Pines, enregistré entre 2002 et 2004, Eric Roger, accompagné de quelques invités, développe une musique lente, psychédélique, électronique, minimaliste, parfois bruitiste. Le Cri est à l’évidence sous-tendu par une réelle idée-force, bien que le résultat final puisse laisser circonspect quand à sa portée artistique.

La plupart des titres sont construits autour d’une trame sonore électronique, parfois une mélodie, souvent inquiétante, sur laquelle des voix humaines – ou à peine – déclament un leitmotiv, un poème ou une histoire. Parlés plutôt que chantés, les textes d’Eric Roger sont noirs, proses poétiques sans doute parfois issues de délires personnels. Le non-initié au « concept » peinera cependant à trouver la clé de ces motifs répétitifs, hypnotiques et/ou éminemment lassants.
Certains titres sont malgré tout plus riches que d’autres et éveillent la curiosité : « Le cri (1ère partie) » et son mélange martial d’industriel et de classique, ou la longue plage « Le cri (2ème partie) », offrant trente minutes d’un tapis sonore évoluant très lentement vers une sorte de paroxysme bruitiste, pour finir dans un relatif apaisement, et qui pourrait idéalement illustrer une exposition d’art conceptuel. Une oreille humaine aura en revanche du mal à soutenir avec une attention constante cette demi-heure de souffrance, bien qu’il semble évident que la finalité soit ailleurs.
Si la musique électronique est la reine de ce bal glauque, quelques instruments tels la trompette (utilisée avec à-propos sur le refrain du sarcastique « Je rêve d’être une star »), le saxophone ou la guitare, y font également incursion, mais sont la plupart du temps noyés sous un flot de boucles et de bidouillages.

Ce disque présentera – peut-être – un intérêt pour qui apprécie une musique à la fois électronique et minimaliste, les structures hypnotiques et les bruitages industriels. Elle intriguera éventuellement les pratiquants d’un masochisme auto-infligé. Pour les autres, Le Cri sera une épreuve à laquelle ils se soustrairont le plus vite possible.