Kaipa - Angling Feelings
Sorti le: 24/06/2007
Par Jérôme Walczak
Label: InsideOut Music
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La musique de Kaipa reste aisément identifiable, album après album, et ce n’est pas le départ de Roine Stolt qui semble avoir changé la donne dans ce Angling Feelings, dernière production de nos Suédois. Depuis que ce groupe s’est reformé, au début des années 2000 avec Notes From the Past, on ne peut pas franchement leur reprocher leur inconstance : nous gravitons ici dans des lieux bien agréables, fleurant bon les années 1970, où s’accordent avec délice les voix puissantes d’Aleena Gibson, qui semble prendre enfin ses marques dans ce disque, et de Patrik Lundström, un peu plus particulière mais devenue, à la longue, caractéristique du groupe.
Kaipa, c’est ce délicieux monde de la démesure et de l’emphase, anachronique, mais qui nous gratifie toujours de trouvailles excellentes, comme l’efficace « The Fleeting Existence of Time », le « douze minutes » de l’album, ses claviers envoûtants, ses chœurs qui ne dépareraient pas chez Yes (intéressante au demeurant l’influence continuelle de Yes dans les groupes contemporains, comme si la magie, la bonne humeur, le partage et le rêve redevenaient enfin des valeurs collectives…), ses orchestrations psychédéliques rehaussées par une basse dégingandée avec brio, ses claviers dégoulinants qui ne s’arrêtent jamais et la voix, celle d’Aleena Gibson, poignante comme on aime, et, pardon pour la comparaison, ayant de plus en plus de ressemblance avec celle de Cindy Lauper, ce qui est ici un vrai et grand compliment.
En plus, ce morceau fait penser un peu à « Childhood’s End » de Marillion, et là, rien que pour ça, c’est un sourire de bonheur qui illumine notre visage. Si les oreilles pouvaient sourire, elles le feraient sans aucun doute. Ce morceau est un diamant magnifique malheureusement mal rehaussé par la suite de l’album, plus technique.
Force est en effet de constater que les autres morceaux, plus courts, n’arrivent pas à la hauteur de ce qui vient d’être décrit. « Solitary Pathway » est un morceau direct, classique, qui n’apporte rien de neuf, et qui risque de heurter ceux que la voix de Patrik Lundström dérange, ce qui est aisément concevable. On reste dans le domaine du « happy prog » mais sans véritable émotion, le soufflet retombe un peu rapidement. « Broken Chords », avec ses lamentations « crypto floydiennes » fait ainsi partie de ces morceaux « remplissages » qui ne séduiront guère que les fans de la première heure. Ce qu’il faut noter, c’est que les morceaux les plus réussis, les plus émouvants, les plus accrocheurs sont ceux chantés par la voix féminine, le celtisant « Path of Humbleness » a ainsi une mélodie très agréable, alourdie sans doute par un excès de basse et de batterie qui ne lui confère aucune fluidité et finissent même par le rendre dissonant.