Pain Of Salvation

03/06/2007

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Par Julien Damotte

Photos:

Site du groupe :

CONCERT : PAIN OF SALVATION

  Artiste : Pain Of Salvation
Lieu : Paris, Elysée Montmartre
Date : 03 mars 2007
Photos : Dan Tordjman

Bien que la musique ne soit pas une compétition, l’affiche de ce concert avait des allures de véritable match de boxe, et c’est en champion incontesté et invaincu que Pain Of Salvation était attendu ce soir-là, attirant plus de fidèles à chaque passage dans notre capitale. Quant aux Grecs de Wastefall, les prétendants au titre, ils ont été maintes et maintes fois comparés à leurs maîtres, et nombreux sont ceux qui attendaient cette confrontation scénique pour se faire une opinion sur ces petits prodiges du metal progressif.

Set-list Wastefall : Willow Man – Another Empty Haven – Self Extinction Project – Dance of Descent – Utopia Fragmented – Empty Haven – Strife for Definition – E.Y.E.

18h30 : premier round. Wastefall entre sur le ring et va tenter dès « Willow Man » de se débarrasser de l’étiquette de clone de POS, dont le groupe est affublé depuis ses débuts. Après un show acoustique des plus calmes quelques semaines auparavant au Hard Rock Café, Domenik Papaemmanouil et ses acolytes vont cette fois-ci puiser leur énergie dans les titres les plus musclés de leur répertoire, comme « E.Y.E » ou « Empty Haven ». Malheureusement, le chouchou des médias semble s’enliser dans des titres qui montent sans cesse en puissance sans pour autant vraiment décoller. Le groupe en qui certains voyaient la relève d’un Pain Of Salvation sur le déclin ne laissera finalement qu’une impression mitigée ce soir-là, à en juger par l’accueil réservé. La majorité du public est là manifestement pour POS et le hors-d’œuvre Wastefall est avalé en une bouchée.

Set-list Pain Of Salvation : Scarsick – America – ! – Nightmist – Handful Of Nothing – New Year’s Eve – Ashes – Undertow – This Heart Of Mine – Chain Sling – Diffidentia – Flame To The Moth – Disco Queen – Rappels : Hallelujah – Cribcaged – Used

Second round : après une petite demi-heure d’attente, un mur de son envahit l’Elysée Montmartre avec les premiers accords de « Scarsick », titre éponyme du dernier album des Suédois, suivi par « America », également tiré de cet album. En deux titres seulement, les champions envoient leur challenger au tapis. Non seulement Scarsick passe l’épreuve de la scène haut la main, mais les titres de cet album prennent leur véritable ampleur en live. Dès le troisième morceau, on comprend que la « bande à Gildenlöw » nous a réservé une setlist de concert-anniversaire, à l’image de ceux donnés par Dream Theater pendant la tournée Score. Le groupe a en effet sorti son premier album, Entropia, il y a dix ans, et compte bien fêter ça avec les heureux présents. Selon une logique identique à celle de leurs grands frères américains, ils revisitent leurs albums chronologiquement, à raison d’un ou deux titres par album. Quel plaisir que de réentendre des titres comme « !  » et « Nightmist » tires d’Entropia, suivis de « New Year’s Eve » et « Handful Of Nothing » extraits de One Hour By The Concrete Lake. Les arrangements de chaque titre ont été retravaillés et, grâce à un son limpide et précis, permettent au public de les découvrir sous un autre angle. Cette démarche semble également plaire au groupe lui-même, qui prend visiblement beaucoup de plaisir à jouer d’anciens titres d’une manière un peu différente, à l’image de la boule de nerfs qu’est Johan Hallgren, qui arpente la scène sans relâche. Après ces extraits peut-être un peu obscurs pour les néophytes, c’est le titre phare « Ashes » qui vient représenter à lui seul The Perfect Element : Part 1, dans une version plus cinglante que jamais. Les yeux sont alors rivés sur Daniel Gildenlöw, encore plus charismatique depuis le départ de son frère. Frontman hors pair, il envahit l’espace sonore de par ses talents de chanteur-caméléon et son jeu de guitare très personnel.

Conscients que Remedy Lane contient de véritables tubes, les Suédois décident d’enchaîner pas moins de trois titres issus de cet album. Une version intimiste piano-voix du très torturé « Undertow » et le poignant « This Heart Of Mine » offrent un véritable moment de repos au public essoufflé par une pluie de décibels… C’est le calme, avant la tempête qu’est « Chain Slings » et son riff metal syncopé. La boucle ne serait pas bouclée si Be, malgré son statut d’album « difficile » (dixit Gildenlöw lui-même ce soir-là), ne s’invitait pas à la fête avec un « Diffidentia » plutôt bien intégré au reste. La setlist-anniversaire se termine par deux nouveaux extraits de Scarsick : « Flame To The Moth » et le très attendu « Disco Queen ». POS pourra se vanter d’être le seul groupe de metal parvenant à faire danser des chevelus sur un titre… disco ! Du jamais vu à l’Elysée Montmartre !

Mais, comme pour gâter le public français, considéré comme le meilleur de la dernière tournée, les cinq Vikings ne s’arrêteront pas là. Le groupe remonte sur scène devant un public déchainé pour interpréter une version personnelle du standard de Léonard Cohen « Hallelujah », presque aussi poignante que la fameuse reprise de Jeff Buckley. Puis, à concert magistral, fin magistrale, ce sont « Cribcaged » et surtout le très attendu « Used », encore une fois totalement revisité, qui viennent clôturer cette soirée intense.

Un concert mémorable, au cours duquel David aura pu se mesurer à Goliath, sans pour autant parvenir à faire chuter le géant. Pain Of Salvation conserve son titre avec un concert dense et tout en nuances, contrairement à la setlist étouffante prévue par son challenger. Gageons que ce concert-tremplin aura confronté les Grecs de Wastefall à la réalité du live, et qu’ils nous reviendront grandis lors de leur prochain passage en France. A quand le match-revanche ?

Julien Damotte

site web : http://www.painofsalvation.com

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