Zakarya - 413A

Sorti le: 30/05/2007

Par Mathieu Carré

Label: Tzadik / Orkhestra

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413 A est le troisième album de la formation de l’accordéoniste alsacien Yves Weyh à paraître sur l’exigeant label Tzadik. Et lors de la découverte de cette relecture hétéroclite du répertoire yiddish, alternance entre atonalité et riffs de guitare électrique incisifs, on ne peut que comprendre l’enthousiasme de John Zorn à leur encontre : quel disque pourrait plus mériter la prestigieuse étiquette de « Radical Jewish Culture » ?

L’accordéon est-il soluble dans une musique autre que le bal musette ? En France les ombres d’Aimable, André Verchuren et Yvette Horner planent sur chaque interprète qui s’essaierait à jouer autre chose que « Riquita, petite fleur de Java ». Pourtant, les nombreuses possibilités de l’instrument ouvrent un champ d’expérimentations plein de promesses pour les intrépides oreilles. Les polonais de Motion Trio, maîtres de l’hypnose abstraite au branle poumon ou Richard Galliano le prouvent régulièrement. Et Yves Weyh relève également ce défi avec intransigeance. Que ce soit en jouant avec les airs juifs jusqu’à l’excès (le bien nommé « Tentative d’épuisement d’une Mélodie Yiddish ») ou en ne gardant d’eux qu’une lamentation profonde et dérangeante (« How the Golem sees » habité par une fantomatique clarinette basse), l’intensité de cette musique ne baisse jamais.

Servi par les contributions supersoniques du guitariste ubiquitaire Marc Ribot sur six compositions, 413 A (et l’exceptionnel morceau éponyme) flirte avec Electric Masada voire Rashanim mais ne succombe jamais totalement aux sirènes d’un pourtant tentant engagement total vers ces énergies brutes. Au sein de chaque piste, on est véhiculé sans ménagement d’un extrême à l’autre. Ce parcours sur route cahoteuse, loin d’être de tout repos n’en reste pas moins passionnant, tout comme les miniatures parfois plus que déconcertantes « Character » et « Exercice Oulipien sur la recette du gefilte fish » qui, disséminées dans le disque, l’enrichissent encore. Et Yves Weyh, charmeur de serpent, ménestrel désabusé ou sideman surexcité suivant son humeur et les morceaux donne par la même occasion un salutaire coup de projecteur sur les multiples ressources de son instrument si particulier.