CONCERT : BLACKFIELD | |
Artiste : Blackfield, Pure Reason Revolution Lieu : Paris, Café de la Danse Date : 27 février 2007 Photos : Andrea Theakston | Affiche pour le moins alléchante au Café de la Danse : le duo Blackfield avait en effet emmené dans les bagages de sa tournée européenne les jeunes anglais de Pure Reason Revolution. Deux concerts, deux ambiances bien différentes, pour une soirée qui fera date ! Set-list Pure Reason Revolution : In Aurélia – Borhens Vor – Apprentice Of The Universe – Nouveau titre – The Bright Ambassadors Of Morning – Voices In Winter / In The Realms Of The Divine – The Twyncyn / Trembling Willows – Nouveau titre Après avoir été aiguillés par Steven Wilson il y a un an sur une jeune pousse du new-prog outre-manche, et après être tombés sous le charme de son premier album, The Dark Third, il nous tardait de voir sur scène l’un des phénomènes de l’année 2006, Pure Reason Revolution. Alors que Blackfield nous indiquait en janvier qu’il n’y aurait a priori pas de place pour l’installation vidéo habituelle de leur première partie, il semble que le quatuor ait réussi à forcer la main de leurs hôtes, puisque des images générées par ordinateur défilèrent tout du long des quarante cinq minutes qui leur ont été offertes pour convaincre le public de Blackfield. On le sait, Wilson offre le plus souvent les meilleurs conditions possibles à ses premières parties et outre la présence de projections et d’un « temps de parole » suffisant, le son était loin d’être mauvais, en tous cas après les deux premiers morceaux.
Et visiblement, l’expérience scénique de Pure Reason Revolution est suffisante pour qu’ils investissent le Café de la Danse sans appréhension et sans mise en jambe ! C’est cependant à compter de « Apprentice Of The Universe » que la machine s’emballe réellement, et que le duo Chloé Alper et Jon Courtney prend confiance. Assistés par leurs machines, les deux musiciens permettent au groupe, de manière certes artificielle mais nécessaire, de retranscrire toutes les finesses de leur album, en l’occurrence de leur double album, puisque plusieurs titres joués figurent sur la version européenne de The Dark Third, qui contient un second disque bonus: Progressia y reviendra bientôt avec une chronique à suivre ! Les anglais se permettent même de proposer deux inédits, un premier tout à fait dans la veine de la power-prog-pop qui a fait leur réputation, avec des refrains ravageurs, et un second totalement électronique, sauf la batterie, et chanté à trois voix, pour un final tonitruant. De même, les transitions entre les titres, dans un genre électronique abstrait, donnent vraiment un habillage original à la prestation du groupe.
Mais entre ce début « progressif« » et cette conclusion dansante, on ne peut occulter l’impressionnant triptyque interprété par le groupe, qui enchaîne les trois morceaux phares de son premier album. « The Bright Ambassadors of the Morning » permet de confirmer que les mélodies vocales à tomber en studio passent parfaitement la rampe de la scène, tandis que les deux « cassures » que sont « In the Realms of The Divine » et « Trembling Willows » témoignent de l’art du groupe de partir sur des rythmiques plombées à souhait qui font mouche à tous les coups. Et c’est là que réside sans doute la force du quatuor, une mise en place déjà très rodée, tant au point de vue vocal que musical, ce qui est loin d’être simple vu la richesse de leurs compositions. On finira sur la débauche d’énergie de Jaimie, le second guitariste, également aux chœurs, et de Chloé Alper, qui tient la basse tout du long en l’absence (prolongée ?) de leur claviériste/bassiste. Pour faire simple : un futur grand ! Set-list Blackfield : Once – Miss You – Blackfield – Christenings – The Hole In Me – 1000 People – Pain – Glow – Thank You – Epidemic – Someday – Open Mind – My Gift Of Silence – Where Is My Love – End Of The World – Hello – Rappels : Im Hazman (« Avec Le Temps ») – Once – Cloudy Now C’est dans une toute autre atmosphère que débute le concert de Blackfield, devant une salle au complet, et très hétéroclite, avec notamment beaucoup d’Israéliens ayant fait le déplacement pour l’occasion. Tomer Z s’installe derrière ses fûts (et le spot lumineux et presque aveuglant placé devant) pour marteler le début de « Once », à mesure que ses partenaires le rejoignent. Ovation, bien sûr, pour le duo qui forme Blackfield, avant que le titre ne démarre pour de bon, même s’il ne donne pas le ton du concert, puisque le répertoire du groupe est beaucoup plus éthéré que ce morceau. Le son est très (parfois trop) fort, mais clair, et l’assurance des trois accompagnateurs de Wilson et Geffen montre bien que nous sommes en fin de tournée.
La set-list est très équilibrée et il semble même que Blackfield ait conscience que sa musique atmosphérique doit être relancée, en concert, par quelques titres plus énergiques (« Blackfield », l’excellent « Epidemic » qui confirme son potentiel à l’applaudimètre, « Where Is My Love »…). Avec un second et excellent album sous le bras, l’exercice est plus simple et le groupe peut désormais donner un concert d’une durée conséquente sans avoir recours à des reprises. Autres changements notables : le comportement scénique des deux têtes pensantes. Wilson, d’un côté, a clairement gagné en charisme (oui, c’est possible) et affronte désormais la scène comme jamais il ne l’avait fait : son cynique « Thank You » (reprise d’Alanis Morrissette), à fleur de peau et chanté très haut, il ne l’aurait pas assumé auparavant. De manière plus générale, on se rend bien compte que musicalement, c’est lui qui mène la danse, non seulement parce qu’il joue tous les soli de guitare, mais aussi vocalement, au grand dam, visiblement, des fans transis de Geffen. Quant à ce dernier, il a sensiblement amélioré son chant en anglais, et reste fidèle à lui-même sur scène : habitué à tenir des foules entières, il est showman dans l’âme, et nous fera un numéro d’effeuillage tout au long du concert ! Plus sérieusement, on sent bien qu’il est à l’aise seul sur scène, lorsqu’il chante au piano une version épurée de « Glow » ou, en rappel et uniquement pour cette date parisienne, une reprise du « Avec Le Temps » de Ferré, en hébreu. Ce sont donc deux univers qui semblent coexister sur scène sans jamais se croiser, impression étrange laissée par deux meneurs qui n’ont pas pris l’habitude de partager. Et pourtant, l’alchimie opère, comme sur « 1000 People » (en forme de confession de rock star mélancolique), et deux morceaux taillés pour ce duo de voix si différentes : « End of the World » et « Hello ». Car si parfois les rôles sont presque trop définis entre les deux chanteurs sur certains titres, ils sont parfaitement équilibrés de ce point de vue, et leur côté emphatique permet de clôturer le concert de fort belle manière.
Sans rappel, point de salut bien sûr, et après « Im Hazman », le groupe repart à nouveau sur un « Once » légèrement remanié puis sur un « Cloudy Now » apocalyptique qui sied parfaitement à la personnalité tourmentée de Geffen. Au final, grâce à un choix élargi de titres, Blackfield a offert une prestation avec plus de rythme et de rebondissements, et beaucoup d’émotions à défaut de rythmiques survoltées. Le groupe s’affirme de plus en plus, en studio comme sur scène, et peut désormais sérieusement envisager de gagner en popularité et de s’affranchir définitivement de l’étiquette de simple projet qu’il traîne depuis 2004 : c’est tout le mal qu’on lui souhaite ! Djul site web Blackfield : http://www.blackfield.org site web Pure Reason Revolution : http://www.purereasonrevolution.com retour au sommaire |