U.K. - Danger Money
Sorti le: 31/01/2007
Par Djul
Label: Virgin Records
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Qu’il est bon de se replonger dans les vieilleries tirées du fond de nos antres à CD. Récemment, c’est Danger Money qui a eu droit à un dépoussiérage en règle, et il n’est pas possible de passer sous silence ce disque alors que son prédécesseur, lui, a déjà eu droit à une chronique sur Progressia !
Ayant survécu au départ d’Allan Holdsworth et Bill Bruford (ce qui est déjà un exploit), le « super-groupe » UK recrute le jeune surdoué Terry Bozzio à la batterie, tandis qu’Eddie Jobson se dit que les rythmiques et les solos de guitares, il peut tout aussi bien les assurer aux claviers (et au violon électrique). La légende veut d’ailleurs que le groupe d’origine ait enregistré les démos de ce second album, mais rien n’est officiellement sorti pour avérer celle-ci.
Le groupe, réduit à un power-trio donc, propose sur ce Danger Money une musique proche de celle de In The Dead of Night, tout en étant à la fois plus et moins aboutie. UK va en effet au bout de sa logique qui veut que des refrains FM puissent s’accoler à des structures complexes (« Nothing To Lose », à la construction faite de montées successives, ou « The Only Thing She Needs » et ses breaks franchement ardus à suivre), Wetton et Jobson incarnant ces deux tendances, pour un résultat vraiment réussi. Même la ballade « Rendez-vous 6:02 » dégénère en arpèges piano / claviers, en plein milieu d’une jolie introspection de Wetton, qui n’avait sûrement rien demandé à Jobson ! Et le sommet de cette confrontation a lieu sur le monumental « Carrying No Cross », où les deux artistes rivalisent de talent pendant douze minutes mélancoliques dont la construction nous replonge, de loin, dans le « Starless » de King Crimson. L’aspect vindicatif des débuts s’efface à l’écoute des paroles de ce deuxième et dernier album studio, et le talent de Wetton ne semble que plus évident dans un répertoire plus personnel.
Pourtant, il est difficile de passer sous silence l’absence de guitares, compensée par des claviers analogiques qui ont fait vieillir l’album bien plus vite que son prédécesseur et un morceau comme « Caesar’s Palace Blues » sonne aujourd’hui comme une réclame pour Bontempi. Certains « tics » de Bozzio, comme l’emploi du charley plus que de raison, marque également le disque du sceau de son époque : la fin des années 70.
Reste un disque qui, sur le fond, est somptueux, et qui rappelle – car l’intéressé semble parfois s’évertuer à nous le faire oublier sur sa discographie la plus récente – que John Wetton a été, entre 1974 et 1979, l’un des chanteurs les plus importants du rock progressif. Et UK a sans doute, l’espace de quelques années, écrit deux des plus belles pages du genre, alors que celui-ci, dans sa forme traditionnelle, touchait à sa fin.