Billy Sheehan - Prime cuts
Sorti le: 08/12/2006
Par Mathieu Carré
Label: Magna Carta
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Billy Sheehan est un des bassistes les plus éminents de la planète. Membre fondateur de Mr Big, acolyte attitré de David Lee Roth à ses débuts, il a multiplié les apparitions aux cotés de Tony McAlpine, Steve Vai et plus récemment au sein de Niacin avec Dennis Chambers et John Novello. Pour se persuader de cette excellence, il suffit d’écouter la dernière plage de cette compilation, sobrement intitulée « Bass Solo ». Pendant six minutes et devant un public à la fois fasciné et ahuri, Billy Sheehan explore toutes les possibilités de son instrument, harmoniques, slap, solo guitaristique fouillant les aigus, rien n’échappe à ses phalanges musclées, la démonstration est impressionnante.
Le feu d’artifice est ponctué par une ovation bien méritée, incontestablement un grand moment de technique. Uniquement de technique ? Malheureusement oui. Si tout le disque ne verse pas autant dans la caricature, il reste difficile de ne pas échapper à une immense sensation de frustration devant une telle débauche de talent si peu touchante in fine. Ainsi, quatre titres de Niacin bien fades se retrouvent disséminés dans ce disque sans que la moindre mélodie ne se détache et ne reste dans la mémoire de l’auditeur, à l’exception de l’introduction enjouée et hispanisante de « Super Grande ». Tous les travers dans lesquels le jazz-rock a versé puis sombré sont ici réunis. Malheureusement pour Sheenan et ses amis, il n’y pas parmi eux de leader visonnaire et génial (Zawinul, Corea, McLaughlin) et le festival pyrotechnique déçoit. « Crack The Meter » enregistré avec Jordan Rudess, Steve Morse et Terry Bozzio n’échappe pas à ces mêmes reproches, ici encore amplifiés: le ridicule n’est pas bien loin…
Quelques titres viennent néanmoins sauver le capitaine Sheehan et son équipage d’un naufrage absolu. Ainsi, « The Trees », issu d’un album-tribute à Rush est puissant, enjoué, mélodique et très efficace : il n’y a qu’un pas à franchir pour affirmer que Sheehan n’est jamais aussi doué que lors qu’il joue la musique des autres… « Time Enough », joué avec Explorers Club, plus acoustique et apaisant, se révèle être une pause agréable dans le déluge de notes généralisé de cet album. Mais c’est l’étonnant duo Bozzio / Sheehan « Sub Continent » qui s’avère le plus agréable : percussions discrètes et envoûtantes, lignes de basse orientalisantes à souhait, il ne manque plus qu’un petit narguilé pour profiter pleinement de ces presque huit minutes de voyage où les deux compères ont enfin mis de côté tout leur bagage technique pour se contenter de jouer de la musique.
Ce disque ravira donc les aficionados de Sheehan, les musiciens curieux trouveront ici également de quoi s’émerveiller devant une telle débauche de maîtrise instrumentale. En revanche, les autres risquent fort de ne pas succomber au charme de cette compilation globalement aussi insipide que technique.