The Mars Volta - Amputechture
Sorti le: 27/10/2006
Par Mathieu Carré
Label: Universal
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The Mars Volta… LE groupe qui fait parler en ce moment. Le seul qui s’escrime à sortir de l’anonymat des musiques dites progressives pour aller titiller les oreilles des chastes masses peu accoutumées à ces contrées étranges. Omar Rodriguez-Lopez et Cedric Bixler-Zavala sur MTV et bientôt, Vander chez Drucker ? Dans leur sillage, tout semble possible… Les compères avaient frappé si fort avecFrances the Mute, ramassant à la fois les dollars et les éloges des plus élitistes que l’attente en devenait presque insoutenable pour certains.
Une année après ce coup de maître, Amputechture est déjà là pour combler les appétits des inconditionnels. 76 minutes de musique dans la pure tradition du groupe, à savoir excessive dans tous les sens du terme, ambitieuse mais aussi souvent obscure. Cette complexité assumée se retrouve jusque dans l’illustration de couverture, curieux hybride ensoleillé de Dali et de Magritte d’un goût douteux et dans le titre même de ce disque qui rend bien perplexe. Si on laissera aux membres du groupe le soin de nous dévoiler sa réelle origine, une analyse plus terre-à-terre de cet étrange mot permet aussi de se faire une idée du contenu de l’album: Amputechture, ou l’architecture de l’amputation, un des côtés les plus stupéfiants de ce nouveau disque où s’enchaînent les titres court-circuités aux extrémités. Vraisemblablement influencés par la mode des fromages prélevés au coeur de la meule, des jambons pris juste dans la noix et des pains de mie sans croûte, The Mars Volta invente le rock sans introduction ni conclusion ! Plus déconcertant que réellement horripilant, cette particularité ne fait que confirmer que Rodriguez-Lopez et Bixler-Zavala ont décidé de marquer les esprits.
Mais si sur la forme, l’innovation est présente, la musique en elle-même a étonnamment peu évolué depuis Frances The Mute. On retrouve donc amplifiée à l’extrême la célèbre trilogie: vocalises hispanisantes visitant souvent les aigus ; montées et décentes nerveuses à la guitare ; empilement – aléatoire ? – de courts passages d’inspirations diverses. Et comme les longues minutes de « free jazz d’ambiance » du disque précédent ont disparu, l’ensemble possède une densité sonore assez inouïe. Trop dense donc ? A l’écoute de « Tetragrammaton » ou de « Meccamputechture », cela semble presque évident. Mais le talent indéniable des musiciens finit toujours par émerger, presque à l’état brut dans quelques perles telle la déconcertante introduction « Vicarious Atonement » où les guitares de Omar Rodriguez-Lopez et John Frusciante, venu faire une pige de luxe, s’entredéchirent à merveille mais également la ballade aux accents flamenco « Asilos Magdalena », l’énergique « Viscera Eyes » et son riff sorti des années 1970. L’orientalisant « Day of the Baphomet » réussit plus ou moins à garder une certaine cohérence malheureusement trop rare sur les autres plages.
On trouve donc sans difficultés quelques bonnes raisons de ne pas rester totalement insensible à ce missile survitaminé qui a au moins le mérite de ne pas s’encombrer de compromis. The Mars Volta fait du The Mars Volta, furieusement, à 200 %. Cela s’entend dès la première seconde et l’on pourrait en être frustré, mais à voir le nombre de groupes dont la musique ne ressemble à rien, on aurait bien tort de leur en vouloir.