Niacin - Organik
Sorti le: 18/06/2006
Par Jean-Philippe Haas
Label: Magna Carta
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Après le redoutable Time Crunch paru en 2001, le trio instrumental Sheehan-Novello-Chambers propose un non moins ébouriffant Organik. Espérons toutefois que le groupe ne compte pas trop sur l’accroche de la pochette pour écouler leur disque car celle-ci est proprement hideuse, dans un style très série Z de science-fiction. Bien heureusement, le contenu n’a pas grand-chose à voir avec l’emballage. Organik puise sa source directement dans la fusion jazz des années soixante-dix et le son si particulier de l’orgue Hammond B3, omniprésent sur cet album.
Une petite piqûre de rappel s’impose pour réaliser pleinement qui est Niacin. Billy Sheehan et sa basse se sont illustrés dans Mr.Big et aux côtés de David Lee Roth, tandis que le batteur Dennis Chambers a joué avec de grands noms comme Stanley Clarke ou John Mac Laughlin, pour ne citer qu’eux. John Novello, quant à lui n’est pas en reste puisqu’il a apporté son talent de docteur ès Hammond à Andy Summers et Chick Corea notamment. Niacin constitue donc une sorte de dream team à l’instar de ce que pouvait être Liquid Tension Experiment. Et cela s’entend !
Autant le dire d’emblée, Niacin fait de la musique pour les amoureux de cette époque bénie des seventies et ne cache pas ses influences : « Super Grande » évoque sans conteste Chick Corea, tandis que « Hair Of The Dog » ramène directement à Return To Forever. Mais au fil des compositions, on ressent très distinctement des effluves d’ELP, de Weather Report, de Brand X, … Là où John Novello et Dennis Chambers penchent très nettement du côté jazz, Billy Sheehan se charge de garder les compositions dans un groove très rock. Les compositions qui en résultent sont extrêmement denses, complexes et infernalement rythmées, dans un déferlement de notes. Les amateurs de débauche instrumentale seront à la fête. Par ailleurs, le groupe a pour habitude de reprendre de grands classiques sur ses albums… le résultat étant bien souvent éloigné de l‘original ! Sur Time Crunch, il s’agissait de « Blue Wind » (Jeff Beck) et de l’éminent « Red » de King Crimson. C’est au tour de Frank Zappa de passer à la moulinette du trio, avec le titre « King Kong ». Les amateurs du prodige de Baltimore évalueront d’eux-mêmes la qualité de cet hommage.
Tout comme son prédécesseur, Organik est avant tout un album de musiciens pour les musiciens ou du moins pour amateurs de musique virtuose et technique, ce qui revient souvent au même. Bien que cet album n’ait pas la fraîcheur et le caractère « ultime » de son prédécesseur, il reste une nouvelle grande page dans la discographie de ces fous furieux.