Soft Machine - British Tour 1975
Sorti le: 13/03/2006
Par Mathieu Carré
Label: Major League
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Soft Machine… Synonyme pour certains d’innovation, de liberté et de virtuosité, pour d’autres de grand bazar prétentieux, le groupe laisse rarement indifférent. Cependant, son influence énorme et le caractère précurseur de leur oeuvre en font toujours un monument de la musique du début des seventies.
Mais derrière la formation légendaire des débuts se cache un groupe à géométrie (très) variable… Les mythiques Wyatt, Hopper et Dean s’envolent progressivement si bien qu’au milieu de la décennie, il ne reste plus que Mike Ratledge comme « grand ancien ». Nullement freiné dans sa progression, Soft Machine continue son chemin et en 1975 parait l’album Bundles avec à la guitare – une première –, Allan Holdsworth ! Si l’on est désormais bien loin des élucubrations libertaires de Third, la musique reste de qualité et sans prévenir personne, Soft Machine devient un groupe de jazz-rock.
Ce concert enregistré le 11 octobre1975 à Nottingham, reflète cette période, à une nuance de taille près : Holdsworth est déjà parti vers d’autres aventures ! Son remplaçant s’appelle John Etheridge et l’on retrouve à ses cotés Ratledge bien sûr mais aussi les déjà presque anciens Babington, Marshall et Jenkins.
Ce disque rempli à ras bord (78 minutes en tout) débute par deux morceaux de l’époque Bundles fluides, énergiques, et, fait rare dans le milieu jazz-rock, plutôt originaux. Etheridge, très à l’aise avec le répertoire de son prédécesseur, montre d’emblée au public (remarquablement discret sur l’enregistrement) qu’il va en avoir pour son argent en multipliant allers et retours à la fois précis et rapide sur le manche de sa guitare. Le ton est donné est s’avère d’emblée franchement plaisant. La suite, qui se répartit équitablement entre Bundles et Softs, le futur enregistrement du groupe, se fait un peu plus conventionnelle et rappelle par ses sonorités les disques de Jean-Luc Ponty de cette même période, ce qui est quand même loin d‘ être péjoratif.
Coté positif: l’intro de « Ban-Ban Caliban » qui ne déparerait au sein de la torpille co(s)mico-funk du Mahavishnu Orchestra Visions of the Emerald Beyond (le reste du morceau étant à l’avenant), et la très bonne prestation d’ensemble de la section rythmique qui amène souvent l’auditeur à secouer la tête sans bien savoir pourquoi. Par contre, la période se prêtant bien aux expérimentations en synthétiseurs de tous genres, nous avons droit à quelques passages dignes d’un épisode oublié de Super Mario Bros qu’il vaut mieux prendre avec humour; l’inévitable solo de batterie « à la Cobham » est également bien présent, mais tout au long des dix (!) minutes de celui-ci, l’intensité peine à se maintenir.
Cependant, l’ensemble du concert témoigne d’une belle homogénéité malgré la variété des thèmes et des styles abordés et si il semble difficile de recommander ce disque à un novice qui voudrait découvrir la formation mythique du Canterbury, leurs inconditionnels ainsi que les fans de ce jazz rock emblématique de cette période n’ont aucune raison de ne pas jeter une petite oreille à cet enregistrement.