Pink Floyd - Atom Heart Mother
Sorti le: 17/05/2005
Par Djul
Label: Virgin Records
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Avec Ummagumma, Pink Floyd a su prouver qu’il pouvait exister sans l’un de ses membres les plus charismatiques. Mais il ne s’est pourtant pas affranchi du psychédélisme incarné par Syd Barett.
Plutôt que de changer immédiatement de cap – ce à quoi serviront progressivement Meddle et Dark Side of the Moon, le quatuor choisit de conserver sa place dans la mouvance planante toute-puissante en 1970, mais lui offre une dimension supplémentaire : l’orchestration. C’est donc tout naturellement que le Floyd, aidé par des instruments à cordes et à vents et un chœur de vingt personnes, compose une longue suite de plus de vingt minutes, le titre éponyme du présent album. D’une cohérence rare, d’une richesse ahurissante, ce morceau est à la fois sombre et mystérieux et constitue, plus que « Careful With That Axe, Eugene » sur Ummagumma, le premier véritable chef d’œuvre du groupe, dominé par les claviers de Richard Wright. Son thème principal entêtant, que Kubrick voulait utiliser pour Orange Mécanique, et son orchestration à la Stravinski en font un classique méconnu du répertoire des Anglais.
Le reste du disque est composé de ritournelles plus pop, chaque membre signant la composition d’un titre, sur le principe de l’hybride Ummagumma, sauf le pauvre Mason. « If » est une douce balade fragile de Waters, aux accents folk, « Summer’ 68 » est un magnifique morceau de piano, en deux parties – la première, joyeuse, développe un splendide refrain, auquel succède un final nostalgique – et « Fat Old Sun », de David Gilmour, ressemble à un blues et préfigure certains passages de Meddle.
Reste le second titre épique d’Atom Heart Mother, l’instrumental « Alan’s Psychedelic Breakfast », totalement enjoué et ponctué par une prise de son des activités matinales d’Alan. Ce titre contraste nettement avec son prédécesseur, tant il assure la bonne humeur de celui qui l’écoute au saut du lit… Une caractéristique bien rare pour un morceau de Pink Floyd !
Voici donc un album à part dans la discographie du Floyd, très attachant de par sa tentative de synthétiser tous les courants du psychédélisme pour finalement s’en affranchir. Attention néanmoins aux novices : les sonorités de ce disque ont vieilli, et Atom Heart Mother ne constitue pas le meilleur point de départ pour découvrir Pink Floyd.