Divers (Colossus) - The Colossus of Rhodes
Sorti le: 19/03/2005
Par Djul
Label: Colossus
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Voici donc le troisième volet du projet mis en œuvre par Muséa et le magazine finlandais Colossus, après Kalevala et The Spaghetti Epic. Rappelons aux novices les règles du jeu de ce projet, sorte de pendant musical au dogme rigoriste du cinéaste Lars Von Trier : chaque participant doit composer deux parties d’une histoire qui lui est soumise, chaque titre doit faire vingt-cinq minutes environ, et seules les sonorités analogiques propres aux années 70 sont tolérées (aucune batterie ou autres sons électroniques). Ce postulat démontre l’attachement des initiateurs du projet au « progressif vieille école », pas toujours pour le meilleur.
Car comme le soulignait fort à propos Justin Poolers à propos de The Spaghetti Epic, l’exercice de style a ses limites et brider l’inventivité de musiciens évoluant dans un style par essence libre de tous carcans relève de la mission impossible. C’est ce que l’on est amené à constater ici, les différents titres alternant le très bon et le franchement moins bon.
Sujet du jour : le film de Sergio Leone, réalisé dans les années cinquante. Pour replacer dans le contexte (et outre la pochette, de circonstance, par l’illustrateur de Genesis, Paul Whitehead), le livret, fort bien réalisé, propose quelques notes de bon aloi à propos des groupes et de Leone (il est vrai plus à son aise dans les westerns que dans les péplums, comme le prouve, au hasard, l’immense Le Bon, la Brute et le Truand), ainsi qu’une petite bande dessinée reprenant les moments importants du film. Et la musique, dans tout ça ?
Au rayon des prestations sans fautes, deux groupes se détachent assez clairement. Le premier, finlandais inconnu de nos services, s’appelle Velvet Desperados. Collant au mieux à l’ambiance épique du film (ah, ces cuivres !), avec son refrain pompeux à souhait et quelques passages narrés, « Lords And Knights » surprend par sa force évocatrice. Le second est Sinkadus, et l’on n’est en réalité pas surpris de le retrouver au-dessus du lot. Les Suédois sont en effet une figure plutôt méconnue, mais essentielle, de la scène nordique, et le déluge de mellotrons qu’ils font pleuvoir sur l’auditeur de ce « Colosse de Rhodes » fera le bonheur des amateurs du genre. Moins dans l’esprit du projet, mais quelle émotion !
Le reste de ce double album est plus mitigé, et intégralement composé par des groupes italiens. Leviathan ouvre le bal de fort belle manière lors des premières minutes, grandiloquentes à souhait, avant de se perdre un peu en route. De même, Mad Crayon navigue entre deux eaux, entre son progressif agressif très centré sur la guitare et le passage central magnifique, Genesisien en diable.
Voici donc un projet qui tombe hélas dans certains travers de la compilation, malgré la volonté d’uniformiser le son et les thèmes proposés par chaque groupe. La variété des talents respectifs des artistes contribue évidemment à ce constat, et seuls les deux titres cités plus haut respectent les figures imposées et atteignent le niveau attendu sur vingt-cinq minutes. Reste un album « vintage » de bonne tenue, qui laisse une certaine envie de jeter une oreille sur le prochain projet, tiré de l’odyssée d’Ulysse, avec un alléchant programme : Glasshammer, Simon Says, XII Alfonso, CAP, Tempano et Minimum Vital se partageront notamment les trois disques nécessaires à contenir cette épopée !