Steve Hackett - Voyage of the Acolyte

Sorti le: 29/12/2004

Par Pierre Graffin

Label: Virgin Records

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Frustré (aigri ?) de ne pas pouvoir exprimer toute l’envergure de son talent au sein de Genesis, Steve Hackett s’offre une petite escapade solo en 1975, peu de temps après le départ de Peter Gabriel.

Cet album reçut en son temps les louanges inconditionnelles d’un public tout acquis à la cause du guitariste, certains allant même jusqu’à dire que c’était le meilleur album que Genesis n’avait jamais fait ! Néanmoins, si certaines bases utilisées par la suite sont indéniablement posées ici – l’instrumental « Ace Of Wands » évoque irrésistiblement les premières notes de « The Darkest Hour » sur Ever d’I.Q., presque vingt ans plus tard ! – et si Voyage… déroute assez du point de vue musical – mélange de guitare électrique et de 12-cordes acoustique, ruptures et contre-temps à foison, maestria technique – on ne peut s’empêcher de ressentir un léger sentiment de frustration tout au long du Voyage.

Pourtant, certains titres comme « Hands Of The Priestess Part I » préfigurent l’automnal « genesien » Wind & Wuthering, et la guitare diaphane de « The Hermit » est là pour rappeler, si besoin était, toute l’influence de Hackett sur ce que fut, est, et sera pour quelques mois encore, le son de Genesis. Peut-être la présence de Phil Collins et de Mike Rutherford sur ce disque contribue-t-elle à évoquer si fortement le groupe dont ils sont momentanément dissidents, mais la comparaison s’arrête là et l’impression d’inachèvement ne disparaît pas. Le thème, aussi joli soit-il, de « Hands Of The Priestess Part I » est inutilement récurrent dans la deuxième partie, « A Tower Struck Down » semble improvisé et brouillon, « The Lovers » introduit de manière plutôt malhabile un « Shadow Of The Hierophant » inégal dont les nappes voudraient, sans y parvenir, ressembler à celles de Tony Banks… La très jolie voix de Sally Oldfield est par ailleurs ridiculement en retrait par rapport à la guitare sur ce titre.
Voyage Of The Acolyte est pourtant souvent considéré (avec Spectral Morning) comme le meilleur album de Steve Hackett, qui continuera une carrière aussi linéaire que confidentielle, ponctuée, ça et là, de nombreux albums en concert où il reprendra ses thèmes de Genesis (« Horizons », «…In That Quiet Earth »…). Il ira même jusqu’à y consacrer un album entier Genesis Revisited, assez réussi malgré une légitimité toute relative !

Cet album, qui ne sort à aucun moment des sentiers battus, est à réserver aux amateurs très éclairés de guitare, à ceux qui considèrent que Genesis s’est arrêté après le départ de Steve Hackett et aux amoureux de longues prouesses musicales et techniques. Les autres retourneront écouter Selling England By The Pound ou Wind & Wuthering.