Chroma Key - Graveyard Mountain Home
Sorti le: 07/11/2004
Par Djul
Label: InsideOut Music
Site:
A peine sorti de l’enregistrement d’une bande son de film d’horreur turc, Ghost Book, Kevin Moore, qui n’en finit pas d’être présenté comme « un ex-membre de Dream Theater » qui n’est plus très en rapport avec son écriture, en a profité pour s’atteler à son troisième album sous le nom de Chroma Key. Egalement réalisé en Turquie, où réside désormais l’Américain, et avec l’aide de quelques artistes locaux, Moore donne donc un successeur à You Go Now, un album court et très épuré sorti il y a déjà trois ans. Entre temps, quelques piges chez Fates Warning sur Disconnected , et surtout le projet OSI avec son ex-comparse Mike Portnoy, lui ont permis de se rappeler au bon souvenir des progophiles.
Graveyard Mountain Home ne s’éloigne pourtant pas de Ghost Book, puisque Moore a à nouveau décidé d’utiliser un film en tant que canevas à son œuvre. C’est donc le court métrage Age 13, sorti en 1955, qui a inspiré le claviériste/chanteur, et qui accompagnera l’album soit en format Quicktime, soit en DVD selon l’édition. Notons au passage que le film, d’une durée initiale d’une vingtaine de minutes, a été ralenti de moitié pour pouvoir servir de fil rouge au disque. Restait à savoir si Chroma Key arriverait à s’éloigner de son soporifique prédécesseur, qui n’avait offert qu’une seule réelle chanson sur tout l’album, « Sad Sad Movie ».
Il n’en est hélas rien. On pouvait craindre que Moore ne se focalise trop sur des atmosphères devant impérativement coller à une image sur une durée définie, aux dépends de la composition de réels morceaux… Et c’est effectivement le constat qu’une simple écoute permettra de dresser. Graveyard Mountain Home est une sorte de soupe fade, comme un Sigur Ros sans saveur ou un Boards of Canada sans la complexité des sons. Soi-disant moderne, mais franchement new-age, la musique de Moore se résume à quelques claviers, un fond sonore atmosphérique et quelques accords de guitares, le tout étant rarement perturbé par des voix : il faut attendre le cinquième titre pour entendre distinctement un chant.
L’indigence des idées frappe souvent, et l’impression d’écouter de simples improvisations pas même dignes d’une démo, se fait tenace : « 8 » pourrait figurer sur une compilation de l’Hotel Costes, « 7 » sombre dans le n’importe-quoi-approximatif… . Ne restent que « Sad Sad Movie » remanié et « Again Today » pour son côté Erlend Oye ludique, pour remonter un niveau désespérément bas.
Voici un disque indigne de la réputation de Kevin Moore, et visiblement assemblé à la va-vite. Quant on pense à la qualité des premières démos de Chroma Key, sorties en 1996, juste après son départ de Dream Theater, on se dit qu’il est vraiment temps que l’homme se replonge dans ces titres, jamais parus officiellement, pour reprendre la composition d’un album intéressant.