Mirage - Tales from the Green Sofa
Sorti le: 14/06/2004
Par Aleksandr Lézy
Label: Musea
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Mirage, groupe français de la région marseillaise formé il y a déjà plus de dix ans, est une affaire de famille, qui lie ses membres au-delà du simple aspect affectif. Leur passion pour la musique de Camel les a regroupés autour du nom de l’un des meilleurs albums de leurs idoles, pour donner une musique largement « inspirée par ». Leur démarche a l’avantage d’être honnête : ils ne s’en cachent pas le moins du monde. Espérons tout de même que pour ce deuxième album, long à mettre en boîte, le côté personnel aura pris le dessus.
Il ressort énormément de choses de la première écoute. Le style Camel est toujours présent, mais la mise en forme est très personnelle, sûrement du fait de l’origine culturelle du groupe. La production, propice au style « old school », laisse apparaître un son façon 70’s, donnant toute son ampleur aux phrasés voluptueux de la guitare et des synthés. Les compositions sont longues (six morceaux pour une heure de musique) et évoluent dans une atmosphère tantôt planante, tantôt animée et cadencée par des rythmes flirtant avec un groove évident, délivré par une section rythmique en place. Le chant baryton apporte une force et une présence singulières, changeant de l’habituel chant ténor, et les textes écrits en anglais sont prononcés de façon correcte, revenant de temps en temps entre des passages instrumentaux ponctués de très agréables soli. Premier avis positif, donc.
A la deuxième écoute, les mélodies frappent immédiatement par leur côté savoureux, emprunt de délicatesse et de finesse d’écriture, alliant beauté et efficacité harmonique. Les mélodies restent gravées à l’esprit, et – gage de qualité – sont « fredonnables » insouciamment, et il règne dans ces compositions un réel sens du rythme. Nombreux sont les enchaînements de lignes harmoniques fluides et on oublie rapidement les consonances Camel, emporté dans un tumulte de sonorités. Tous les instruments jouent pour fournir un ensemble stable et bien construit, consolidé par de plaisants soli finement interprétés. Notons l’apparition d’une flûte traversière et de congas, ajoutant une touche supplémentaire et personnelle.
Aux écoutes suivantes, le résultat est identique : on en revient irrémédiablement à la même conclusion d’une grande délicatesse et d’une véritable inspiration concernant les mélodies et les thèmes employés. Les morceaux ne traînent pas en longueur, car toujours ponctués de soli remplis d’émotion et de tact, ou de variations des thèmes. Mirage prouve donc qu’il peut être pertinent de nos jours de revendiquer un style à travers sa passion pour un groupe et de le crier haut et fort sans tomber pour autant dans le plagiat. Ce nouvel album de Mirage est résolument plus personnel et même si le groupe peut encore mieux faire, l’intention est tellement ressentie durant l’écoute que l’on en oublie les légères imperfections que chaque auditeur se permettra de constater de son côté.