Patrick Rondat - An Ephemeral World
Sorti le: 28/04/2004
Par Aleksandr Lézy
Label: NTS
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A la suite de riches expériences, notamment du fait de ces récentes collaboration aux groupes Elegy ou Consortium Project, et après un long moment d’absence, Patrick Rondat reprend son parcours solo avec An Ephemeral World. Le guitar hero français nous propose, dans une évolution de son propre style, onze morceaux tout frais composés sur une période d’environ deux ans.
Éternellement accompagné par Patrice Guers à la basse, Rondat a opéré un changement à la batterie, qui est dorénavant le fait de Dirk Bruinenberg, qu’il côtoie au sein de l’aventure Elegy. Les deux hommes connaissent leur affaire et accompagnent de manière très appliquée les prouesses techniques du guitariste, par la même occasion pianiste. Si l’accent est toujours mis sur la guitare, les autres instruments sont beaucoup plus mis en avant que par le passé, apportant ainsi une nouvelle dimension aux compositions.
Si un disque instrumental de guitare offre en général pléthore de descentes de manche vitesse grand V et de suites de démonstrations techniques sans queue ni tête niant tout sens de la mélodie, ce n’est pas le cas ici, Rondat faisant preuve d’une certaine « innovation ». Les morceaux n’ont plus le même objectif qu’au début de sa carrière : les structures sont plus longues et les changements de rythme et d’ambiances plus fréquents, comme si le but n’était plus de créer de simples armatures destinées à mettre les soli en valeur, mais bien d’amorcer une évolution vers une écriture plus progressive. Les soli sont évidemment de rigueur, tantôt rapides tantôt lents, mais toujours mélodiques et véloces. Cependant, l’essence de chaque titre échappe à l’idée que l’on se fait en général de ce genre de musique, tant est si bien qu’il serait tout à fait possible d’y apposer des lignes de voix, tant les morceaux sont construits. L’optique n’est donc a priori plus la même pour Rondat, sûrement du fait sa nouvelle expérience de l’écriture de véritables chansons pour Elegy.
L’ensemble, caractérisé par un son métal, a pris de la puissance, et on est loin d’éprouver la sensation d’écouter en boucle le même titre, du fait d’une alternance bien sentie de titres calmes et de morceaux plus agressifs. Les thèmes explorés ne sont pas d’une grande originalité, mais l’essentiel réside évidemment dans le jeu extrêmement abouti d’un grand guitariste. Fluidité, mélodie, rythmes (même s’ils restent typés metal) et harmonies sont travaillés avec précision. Jouer ainsi est déjà en soi remarquable : il est alors clair que de composer l’ensemble relève également d’une certaine forme de talent.
An Ephemeral World est donc un album abouti, emprunt d’une longue maturation et d’une très nette maturité instrumentale, même s’il reste un peu cantonné dans une veine chère à l’artiste alors que l’on pourrait préférer le voir explorer de nouveaux horizons, tant ses possibilités sont étendues. Ce disque ravira les amateurs de guitares virtuoses et les curieux désirant se familiariser avec un style qui se raréfie chaque jour un peu plus.