LIVE REPORT : ANEKDOTEN

Artistes : Ritual, Anekdoten Lieu : Verviers, Spirit of 66 Date : 06 avril 2004 Photos : Stéphane Schmitz

Set-list Anekdoten : Kiss of Life – From Within – Groundbound – Ricochet – The Flow – Book of Hours – The Sun Absolute – Nucleus – Sad Rain – Wheel – Gravity – The Old Man and the Sea

Anekdoten et Ritual n’ont à priori pas grand-chose en commun, et c’est sans doute ce qui fait tout l’intérêt de cette tournée en co-tête d’affiche. Les deux groupes jouent quatre-vingt dix minutes chacun sur une tournée d’ une bonne quinzaine de jours, parcourant l’Allemagne, la Suisse, l’Italie, la Hollande et la Suède. Les deux groupes ont également fait arrêt au Spirit of 66 de Verviers : l’occasion de découvrir deux formations suédoises aux ambiances très différentes.

Alors que Ritual monte sur scène, le Spirit of 66 semble quelque peu timide et dégarni. Heureusement, les retardataires viennent rapidement grossir les rangs d’un public qui applaudit néanmoins les Suédois, emmenés par un Patrick Lundström rayonnant et visiblement en grande forme. Son look hippie ferait presque penser à Uli John Roth, et sa présence scénique alliée à une bonne humeur communicative séduisent très vite la salle. Axant principalement sa prestation sur les albums Ritual et Think Like a Mountain, le groupe entraine sans difficulté le plus grand nombre, bien aidé en cela par les mélodies accrocheuses de titres relativement courts et très efficaces. L’influence « rock seventies » se ressent, spécialement sur les quelques morceaux extraits de Superb Birth, l’album le plus «zeppelinien » de Ritual, qui se lance également, après quelques titres, dans un medley folk-acoustique de son premier album.

Lundström empoigne sa guitare acoustique, Fredrik Lindqvist (bassiste et parolier du groupe) saisit une mandoline et glisse quelques flûtes dans les poches de son pantalon, tandis que le batteur s’affaire tantôt sur un xylophone, tantôt sur une derbouka, voire même sur une étrange vielle… fabriquée par sa mère ! Si l’exercice acoustique a souvent le tort de casser le rythme des concerts, il n’en est rien ce soir : cet intermède sera même, pour beaucoup, le moment fort de la soirée.
Ritual réussit à faire voyager tout le Spirit, l’emmenant d’Irlande en Orient au gré de la virtuosité de musiciens capables de reproduire fidèlement de riches textures sonores, très élaborées.
La seconde partie de la prestation, tout aussi intéressante, sonne plus moderne et atmosphérique, tout en conservant la dose d’énergie et de bonne humeur qui caractérise immanquablement la formation.

Après une courte pause, Anekdoten prend possession de la scène et, ô surprise, le violoncelle d’Ana Sofi Dahlberg refait son apparition, aux côtés de son mellotron : les puristes et les inconditionnels du groupe apprécient ! Le concert donné ce soir pourrait parfaitement faire office de best of tant les titres reflètent à merveille la discographie de la formation, pondérée d’une légère mise en avant de ses deux dernières créations, From Within et Gravity. Le public, qui avait très bien réagi à la joie dégagée par Ritual, se livre tout autant aux climats intimistes, tristes et plutôt sombres d’Anekdoten. Même si le groupe se montre en grande forme, on peut regretter que le mellotron, pièce importante de l’identité des Suédois au même titre que le violoncelle, soient un peu en retrait. Jan Erik Liljeström mène la danse avec charisme, assurant le chant et ses lignes de basse avec une énergie bienvenue.
Le public de Verviers est décidément gâté : le groupe se lance dans l’interprétation de « Sad Rain », titre qui ne figurait que sur l’édition japonaise de son premier album, Vemod. L’auditoire apprécie réellement la performance, plongeant dans le climat cotonneux développé par Anekdoten et se montrant aussi satisfait qu’enthousiaste. Les musiciens semblent apprécier l’hommage, au vu de leurs mines réjouies et de leurs remerciements fournis.

Le Spirit Of 66 présentait en somme une soirée « happening progressif suédois » fort réussie. De par la diversité proposée par les deux groupes, chacun aura pu y trouver son compte et découvrir des sonorités auparavant peu familières.

Julien Van Espen

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