LIVE REPORT : THE GATHERING Set-list : The Big Sleep – Red is a Slow Color – Marooned – Sleepy Buildings – Saturnine – Amity – Souvenirs – Travel – Like Fountains Version 2003 – Eleanor – Even the Spirits Are Afraid – Broken Glass – In Motion #2 – Stonegarden Version 2003 – Jelena. Rappels : These Good People – Black Light District Peu de temps après être passé dans la capitale pour promouvoir Souvenirs, The Gathering revient avec, sous le bras, son magnifique live semi-acoustique Sleepy Buildings, pour des réinterprétations réussies que l’on avait hâte de découvrir de visu. Le concert s’avérera plus surprenant que prévu, avec un programme audacieux ! Un Elysée Montmartre bondé comme rarement par un public hétéroclite accueille The Gathering, dont la constance sur scène et en studio depuis 1995 est aujourd’hui récompensée par un succès plus que mérité. La première partie est assurée par The Last Embrace, groupe français évoluant dans un metal gothique qui compte déjà bien des admirateurs dans le public. Débutant par deux morceaux lourds, plombés par une basse mixée bien trop en avant, comme souvent dans cette ancienne salle de catch, le groupe s’en sort néanmoins grâce à une chanteuse talentueuse, Nathalie, oscillant entre PJ Harvey et Anneke van Giersbergen, et des passages mélodiques bienvenus. Mais force est de constater que les Français sont bien plus à l’aise dans les moment calmes, à l’image d’un « Closure » tout juste répété en version acoustique et accompagné des chœurs de la claviériste Gosha. Musicalement, le groupe délivre une musique rappelant la période 94-96 d’Anathema, pour les arpèges de guitares, mais sait aussi varier les plaisirs, avec « Just A Lie », composition pleine d’un groove rafraîchissant et très à propos, ou « Eclipse », instrumental qui n’est pas sans rappeler, par ses envolées floydiennes, « How to Measure a Planet », le morceau titre de la tête d’affiche. Très applaudi par un public connaisseur, The Last Embrace est un groupe à suivre, et à voir, dès le 9 avril à la Boule Noire, ainsi que fin mai à la Locomotive. Sur fond de musique ambient et de lumières bleutées, et dans ambiance survoltée, The Gathering prend place. C’est l’occasion pour nous de découvrir la très jeune bassiste du groupe, Mirjolein Kooijman, qui remplace Hugo Prinsen, et son look très Melissa Auf Der Maur. Mirjolein fait oublier son prédécesseur, en particulier en enrichissant ses parties sur les passages les plus calmes. Le concert démarre et on est d’emblée surpris de constater que ce ne sont pas moins de trois titres de How to Measure a Planet qui s’enchaînent, choix étonnant puisque ces compositions sont très atmosphériques. Reste qu’Anneke Van Giersbergen est ahurissante de maîtrise, comme sur « The Big Sleep » où elle fait oublier l’absence de voix doublées. Le groupe continue de réarranger son répertoire : « Red is A Slow Colour » bénéficie de nouveaux arrangements aux claviers et se termine de manière beaucoup plus énergique. Y succède un duo entre Anneke et Frank Boeijen (claviers) sur le dernier titre en date du groupe, « Sleepy Buildings », un morceau doux-amer à la mélancolie gracieuse, portée par un piano jazzy : une réussite ! Les titres qui suivent font toujours partie des plus doux composés par The Gathering : d’ « Amity » à « Souvenirs », on s’impatiente de voir le groupe décoller comme il sait si bien le faire, plutôt que d’enchaîner des chansons trop proches les unes des autres, ce qui dilue leur force émotionnelle pourtant indéniable. L’épique « Travel », ode à la création musicale, permet enfin d’élever le tempo, et à René Rutten de sortir la distorsion, tandis que la sublime relecture de « Like Fountains » donne le frisson. Après « Eleanor », dans une version acoustique qui ne lui sied guère (quel manque de puissance !), le groupe continue d’alterner titres enlevés (« Even The Spirits are Afraid » et sa rythmique presque industrielle) et titres lents (« In Motion #2 » et son refrain joué « à fond », comme sur Sleepy Buildings ou « Broken Glass », hélas amputé de son solo de guitare déchaîné), avant de quitter la scène sur un « Jelena » un peu poussif. Le sempiternel rappel est réclamé à corps et à cris par un public dont l’enthousiasme pousse Anneke à sortir le Polaroid pour immortaliser ce moment et donner la photo à un magazine hollandais qui fait un reportage sur la tournée. Deux titres sont joués lors de ce dernier retour sur scène : l’efficace « These Good People », avec une Anneke toujours impériale sur ce titre exigeant du fait des changements de tonalités, précède le pavé en forme de triptyque « Black Light District ». La chanteuse y prend la guitare et entame la partie parlée, puis le groupe se lance dans une incroyable furie de plusieurs minutes qui met le public en transe, avant de nous achever sur une conclusion emprunte de délicatesse. Le programme inédit et surprenant a permis à The Gathering d’offrir un concert très varié, quoique porté sur ses compositions les plus calmes. De ce fait, le groupe s’est peu souvent lâché, et on regrette parfois l’énergie déployée lors de la tournée de If_Then_Else. Mais le récital accompli par Anneke, meneuse incontestable, a transporté comme d’habitude un public conquis. Sa technique vocale sans faille et sa manière littéralement physique de chanter sont confondantes. La conclusion qui s’impose est tout simplement la dernière phrase chantée par la diva : « I am speechless ». Djul >> Consulter la page du groupe << retour au sommaire |