Les Dentelles à Mamie - Les Dentelles à Mamie

Sorti le: 17/03/2004

Par Greg Filibert

Label: Hérisson Productions

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Derrière ce nom farfelu se cache un quintette français pratiquant un genre que les intéressés décrivent eux-mêmes comme des « grooves soniques iconoclastes et abscons à base de fruits étranges et luxuriants de free jazz vert pomme concentré et de rock riquiquimaliste glabre ». Les musiciens, qui ne doivent pas tourner qu’à la grenadine, ont écumé les scènes depuis 2001 avant de réaliser leur premier album en septembre 2003.

Si la description fantasque citée plus haut laisse sceptique de prime abord, il faut reconnaître que Les Dentelles à Mamie correspondent bien, d’une certaine manière, à ce portrait. La musique instrumentale de ces doux détraqués sonne de manière très expérimentale et se montre fortement attirée par le free jazz. Les rafales de trompette fusent en tous sens, le saxophone tourne souvent en roue libre, les synthés sous acides virevoltent, tandis que la batterie et autres percussions, naturelles ou électroniques, s’occupent d’assurer les rythmes biscornus et redondants.
Il est délicat pour l’auditeur lambda et même pour le familier des musiques « étranges » de s’y retrouver au milieu de cette tornade sonore. Les titres alambiqués recèlent tout de même des moments d’accalmie où les cuivres ne se laissent pas (trop) emporter par leur fureur et construisent des phrasés tangibles (« Elégie », « Aurore »).
En contrepartie, il arrive que rien ne se passe ; juste un soupir de saxophone, un roulement fugace de batterie, un miaulement de trombone, etc. (« ROFMR 1 », « Qwartsch », « Le K »). L’impression que les instruments improvisent chacun dans son coin, sans réelle interaction entre eux, rend la musique encore plus hermétique et, fatalement, l’ennui s’instaure alors que l’envie d’aller voir ailleurs s’intensifie au fil de l’album. Pourtant, les musiciens savent trouver des grooves entraînants (« ROFMR 2 ») et font preuve d’une mise en place globale impressionante (« Glissade », « K. Kompa »). Est-ce suffisant pour que l’on puisse adhérer à la démarche certes très originale mais quelque peu « égocentrique » des Français ?

Les Dentelles à Mamie proposent une musique vraiment très personnelle et difficilement accessible pour le commun des mortels. Seuls les amateurs de curiosités seront tentés de jeter un œil sous les jupons de grand-mère.