Robert Wyatt - Solar Flares Burn For You

Sorti le: 16/02/2004

Par Pierre Graffin

Label: Cuneiform Records / Orkhestra

Site:

Cette compilation très attendue des fans regroupe essentiellement des titres enregistrés par l’ex-batteur de Soft Machine dans les années soixante-dix, démos ou compositions destinées à l’émission radiophonique anglaise « Top Gear ». On y retrouve donc entre autres des versions alternatives (« Alifib », « Sea Song » ou « Soup Song ») qui figureront plus tard sur Rock Bottom ou Ruth Is Stranger Than Richard. Mais Solar Flares est également l’occasion d’entendre deux titres (« Blimey O’Riley » et « ‘Twas Brillig »), fruits d’une collaboration récente avec un autre célèbre ex-membre de la machine molle, Hugh Hopper, ainsi qu’un inédit, « The Verb ».

Ce disque est empreint des ambiances incomparables de Wyatt, entre mélancolie et folie fiévreuse, mais son (presque) unique intérêt vient du fait qu’il permet de découvrir la genèse de titres encore inachevés au moment de ces enregistrements. Ainsi, le célèbre « Sea Song » y apparaît dans une version à la fois épurée et exigeante, mais beaucoup moins habitée que la version finale figurant sur Rock Bottom. Est-ce parce qu’il a été composé avant la chute qui cloua Wyatt sur une chaise roulante ? D’autres versions, telles que « God Song » (dont l’original apparaît sur Little Red Record de Matching Mole) ou « Fol De Rol » (sur le premier album de Hatfield And The North) sont assez malmenées et ne présentent qu’un intérêt relatif.
Le morceau-titre, extrait d’un film expérimental d’Arthur Johns, tranche singulièrement avec l’ensemble plutôt éthéré par son côté lancinant, expérimental et plutôt angoissant. Enregistré dans le studio de Nick Mason (Pink Floyd) en 1973, cette composition est d’ailleurs à l’image de l’ensemble des morceaux de ce recueil hétéroclite : difficile d’accès, même si l’on fait abstraction de la reprise curieuse mais étonnament très convenue de « I’m A Believer » de…Neil Diamond !
Les deux titres coréalisés avec Hopper sont, quant à eux, des pièces de free jazz aussi planantes qu’insipides, restes du Jazzloops du bassiste, sans doute. Si l’on ajoute à cela un inédit (« The Verb ») indigne de l’œuvre du maestro, on obtient un disque hélas plutôt bancal…

Solar Flares Burn For You sera donc aussi passionnant pour le fan que décevant voire rébarbatif pour le néophyte. Son absence totale de cohésion n’est pas l’écueil majeur : réunir des œuvres enregistrées à des périodes aussi différentes était une gageure difficilement réalisable autrement. Ce recueil de raretés ne brille donc avant tout que par son manque de consistance et soutient difficilement la comparaison avec d’autres disques de Robert Wyatt, que ce soit au sein de Soft Machine, de Matching Mole ou, à plus forte raison, en solo.