LIVE REPORT : CAMEL | |
Artiste : Camel Lieu : Paris, Elysée Montmartre Date : 14 octobre 2003 Photos : Julien Weyer, www.camelproductions.com | Set-list : Lady Fantasy – Uneven Song – Hymn to Her – Echoes – Drafted – Medley The Snow Goose- Lunar See- Ice – Spirit of the Water – Fox Hill – Arubaluba – Mother Road – For Today. Rappels : Never Let Go – Lawrence. Après avoir annoncé leur tournée d’adieu il y a quelques années, et annulé une série de concerts cet été suite à de graves problèmes de santé, Camel arrive enfin dans notre capitale pour son Farewell Tour. L’Elysée Montmartre est aux deux tiers plein – une première bonne surprise – quand Latimer et ses comparses offrent un show qui fait déjà regretter leur décision. Alors que la majeure partie de la tournée européenne du groupe avait fait salle comble assez rapidement, notamment dans le Nord de l’Europe, la France est restée à la traîne en termes de prévente, au point que le groupe a dû solliciter ses fans pour faire de cette soirée parisienne une réussite. Presque 1000 personnes dont beaucoup d’étrangers suivant le groupe lors de leur périple ont permis d’atteindre cet objectif. On pouvait craindre en revanche pour la santé, et notamment la voix d’Andy Latimer, qui, lors de leurs dates espagnoles, avait subi une intoxication alimentaire qu’il trainait toujours et souffert des cordes vocales, ce qui contribua à l’annulation d’une interview avec Progressia. Ce mal redouté des artistes en tournée avait en particulier empêché Andy d’assurer le chant lors du passage du groupe au Bataclan, il y a trois ans. Heureusement, ce dernier s’est remis et, secondé par son compère Colin Bass, a offert une belle prestation. Rentrons donc dans le vif du sujet, comme Camel d’ailleurs, qui débuta son concert par son classique, l’épique « Lady Fantasy ». Cette composition à tiroirs de… 1972 ! met rapidement l’ambiance dans la salle, et place la barre très haut, trop haut peut être… Comme de coutume, les regards se braquent sur l’indéfectible leader qu’est Latimer, dès lors qu’il empoigne sa guitare pour faire sortir ces solos mélodiques et fluides dont il a le secret. Ce pavé a également un avantage : le passage central échevelé est l’occasion de constater à quel point Camel peut être énergique sur scène, alors qu’il a pour réputation – en partie erronée, mais cela explique peut être son relatif anonymat, par rapport aux très grands des années soixante-dix – d’être plutôt mou. En concert, ce riff puissant fait mouche, aidé par une très bonne sonorisation qui faisait la part belle à la guitare, le tout étant livré au public avec un plaisir évident par Colin Bass qui pose sa voix de fort belle manière et le guitariste qui se contorsionne sans cesse. Camel enchaîne ensuite plus de dix titres tous aussi essentiels les uns que les autres, du « Uneven Song » au passage Supertramp à l’énorme « Echoes », avec en supplément un break atmosphérique à la guitare « phasée » (NdRC : le phaser est un effet qui, appliqué au son, donne l’impression qu’il tourne dans la pièce). Ajoutons « Drafted », tiré de Nude, sur lequel Bass sonne comme Wetton, « Ice », extrait du même album et composée dans une chambre d’hôtel glaciale aux Pays Bas, et enfin l’attendu medley de l’album le plus connu du groupe, The Snow Goose, toujours aussi apprécié. C’est par contre sur « Spirit of the Water », en hommage au camarade Peter Bardens que la tension retombe, malgré un Andy inspiré à la flûte. Hélas, le désastreux « Fox Hill », ou le très mou « Mother Road » (extrait de Dust and Dreams) continuent de saper une première partie de concert qui avait pourtant commencé de façon magistrale. Heureusement, « For Today », morceau de bravoure de A Nod and A Wink rassure un peu sur la discographie post années 80, et sa tenue dans la set-list du groupe. En rappel, et sans surprise après l’ovation du public, retour aux standards de Camel avec un classique, « Never Let Go », endiablé et dans lequel des solos de claviers, basse et batterie sont alternés. C’est l’occasion d’aborder ici la qualité des intervenants de cette soirée : si Colin Bass est sans reproche, tant au chant qu’à la basse – vu son implication dans Camel, l’inverse eut été étonnant – son compère de gauche, Ton Scherpenzeel, aux claviers, malgré quelques bons moments (piano, Hammond), semble décidé à saboter de nombreux passages avec un son affreusement daté. Terminons par le Québécois Denis Clements, qui, en revanche, convainc par son savoir faire et sa capacité à recréer le groove si particulier des morceaux du groupe : de l’excellent travail ! En deuxième et dernier rappel figure un morceau jamais joué auparavant, « Lawrence », extrait de Rajaz et sur lequel, hélas, Latimer fait un peu son Gilmour, alors que beaucoup, dans l’assistance, doivent penser que c’est habituellement plutôt l’inverse qui se produit. Mais devant tant de modestie, Latimer a bien droit à son moment de gloire. Gentleman jusqu’au bout des ongles, Andy réapparaîtra quelques minutes plus tard pour discuter et signer quelques autographes : il avait annoncé à l’avance son souhait, au cours de ces dates, de passer un moment avec le public après chaque concert, au détriment de la promotion si nécessaire. Toute la question reste désormais de savoir si la messe est bel et bien dite, ce qui n’est pas si certain : un nouvel album est déjà en chantier, et donc une possible tournée en conséquence… Quelque soit le statut de ce concert, une chose est sûre, l’Anglo-américain a encore la flamme, et c’est sans doute là l’essentiel ! Djul site web : http://www.camelproductions.com retour au sommaire |