The Musical Box

29/10/2003

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Par Pierre Graffin

Photos:

Site du groupe :

LIVE REPORT : THE MUSICAL BOX

 

Artiste : The Musical Box
Lieu : Paris, La Cigale
Date : 26 octobre 2003
Photos : www.themusicalbox.net & Véronique Chenivesse

Set-list : Watchers Of The Sky – Dancing With The Moonlit Knight – Cinema Show – I Know What I Like (In Your Wardrobe) – Firth Of Fifth – More Fool Me – The Battle Of Epping Forest – Supper’s Ready.

The Musical Box est un groupe québécois originaire de Montréal qui, sous l’égide d’un certain Serge Morissette, un des plus grands spécialistes de Genesis au monde, décida, il y a presque treize ans maintenant, de produire et de réaliser les concerts du groupe britannique du début des années 70 dans leurs moindres détails.

Au fil des ans, le quintette de Montréal s’est forgé une réputation dans le monde entier, grâce notamment à la précision de ses prestations, tant sur le plan musical qu’au niveau de la mise en scène. TBM est si fidèle à l’original que cela valut au groupe les félicitations d’anciens membres de Genesis, Peter Gabriel, Steve Hackett ou encore Mike Rutherford qui déclara même que c’était encore mieux que le Genesis de 1973 ! Si on ajoute à cela un chanteur (Denis Gagné) dont la voix évoque étrangement celle de Gabriel et un batteur (Martin Levac remplaçant Guillaume Courteau depuis peu) qui rappelle Phil Collins tant physiquement (dans ses expressions notamment) que musicalement (son jeu de batterie et sa voix sont tellement proches de l’original que ça en est presque troublant), on obtient alors la recette du succès des Québécois qui les surprend d’ailleurs eux-mêmes ! Mais si une telle entreprise peut être jugée avec condescendance voire mépris par certains, nostalgie et curiosité ne peuvent être les seuls moteurs du succès des cinquante-cinq concerts joués jusqu’alors, presque tous à guichets fermés. Il faut donc chercher au-delà pour trouver l’explication de cette réussite et quelle meilleure démonstration que la prestation scénique de Musical Box pour en juger ?

C’est sur les premières notes de « Watchers Of The Sky », extrait de Foxtrot, que s’ouvre le concert, dans une Cigale pleine comme un œuf de quadragénaires (surtout) mais aussi de plus jeunes. Stoïque et impressionnant, dans son grand manteau et sa coiffe ornée d’ailes de chauve souris, Denis Gagné, alias Peter Gabriel, attend la fin des accords plaqués par David Myers (alias Tony Banks) pour se précipiter littéralement sur son micro et asséner les premières paroles de cette inquiétante histoire d’extra terrestres. On est d’emblée frappé par la mise en scène de cette chanson que Peter Gabriel porte littéralement sur ses seules épaules, focalisant toute l’attention même lorsqu’il ne bouge pas, les yeux cerclés de maquillage phosphorescent…
On comprends alors mieux pourquoi la presse de l’époque parlait de Genesis ET Peter Gabriel tant ce dernier se distinguait des autres membres. Cela illustre d’ailleurs très bien le fait que ces autres aient pu aussi en prendre ombrage. On peut aussi remarquer l’influence musicale majeure de Tony Banks sur le groupe à l’époque : la part belle est en effet consacrée au piano et orgues de David Myers, dont la prestation fut exceptionnelle du début à la fin du concert. Mises à part quelques hésitations de la part de Denis Champoux (alias Steve Hackett) à la guitare, « Watchers Of The Sky », morceau pourtant difficile, est interprété magistralement de bout en bout.

La volonté de coller au show de l’époque va jusqu’à faire répéter en Français (et avec l’accent anglais alors que Gagné n’est pas moins Québécois que les autres !), les petites histoires que racontait Peter Gabriel au cours des tournées en France en préambule de chaque chanson. Le chanteur mime à la perfection les élucubrations et borborygmes de Peter Gabriel et c’est après avoir expliqué l’histoire de « Britannia » dans un Français délibérément approximatif que Gagné attaque « Dancing With The Moonlit Knight » sous les acclamations d’une audience encore surprise, mais déjà conquise.

Champoux enchaîne alors sur les arpèges d’ouverture de « Cinema Show » qui sera interprété avec la même maestria, le public chantant la plupart du temps et reprenant d’ailleurs à tue tête le refrain du morceau suivant : « I Know What I Like ». Lorsque l’on sait que les Québécois ont retrouvé à l’oreille la plupart des accords car les partitions ont été perdues, on ne peut être qu’impressionné et respectueux du travail accompli…Mais c’est après un « Firth Of Fifth » d’anthologie, totalement fidèle à l’original, que survint l’un des moments les plus surprenants du concert : Martin Levac – Phil Collins interprétant avec un grand feeling « More Fool Me » accompagné de Sébastien Lamothe – Mike Rutherford. Si la première réaction du public fut plutôt hilare – la ressemblance était tellement frappante à tous les niveaux qu’on avait un peu l’impression d’être face à un imitateur de Phil Collins époque « Sussudio » – la seconde fut beaucoup plus attentive et recueillie devant la qualité de la prestation.

Passé un « Battle Of Epping Forest » un brin longuet, le très attendu « Supper’s Ready », seul autre extrait de Foxtrot, mit tout le monde au diapason, alors que Gagné virevoltait littéralement d’un bout à l’autre de la scène pendant les parties chantées, mimant un twist endiablé pendant le « Hello Baby, Don’t You Know Our Love Is True », en arborant évidemment l’immense fleur autour du visage pour la partie « Willow Farm ». Le morceau se terminera sur une explosion accompagnée de fumigènes et, sous la pression du public, le groupe reviendra interpréter un « The Knife » réclamé à corps (et surtout à cris !) par plusieurs membres du public ! Ce sera le seul rappel et les spectateurs quitteront la salle visiblement ravis du spectacle.

Car ne nous y trompons pas : The Musical Box est peut-être avant tout plus un spectacle qu’un concert, même s’il est dirigé par des musiciens de valeur. L’ensemble est calibré et interprété sans failles mais ne laisse absolument aucune part à l’improvisation. On sent que les chorégraphies et les jeux de scène de Gagne sont complètement repris de ceux de Peter Gabriel à l’époque et la précision chirurgicale de l’ensemble peut même troubler voire déranger à la longue…
D’autre part, le groupe n’a de légitimité que dans la copie conforme de la première période de Genesis, très empreinte de théâtralité, en faisant complètement abstraction de l’époque Phil Collins qui, si elle n’eut pas le même impact du point de vue scénique ou visuel, reste quand même importante et intéressante du point de vue musical. On peut donc s’interroger sur la viabilité d’un tel projet sur le long terme, surtout quand on sait qu’à part Myers (le clavier) et Levac (le batteur sosie de Collins) les autres n’existent encore musicalement à ce jour que dans le cadre très fermé du groupe.
Cependant, The Musical Box n’en reste pas moins une curiosité incontournable pour tous les fans de Genesis qui n’ont pas eu la chance de voir le groupe sur scène il y a trente ans et un spectacle de grande qualité. Une nouvelle tournée est d’ores et déjà prévue pour passer à nouveau par la Cigale en juin 2004 et les Québécois n’attendent d’ailleurs plus que l’accord de Peter Gabriel pour fêter dignement les trente ans de The Lamb Lies Down On Broadway. Gageons que cette tournée sera un autre succès pour ce groupe aussi talentueux que sympathique, atypique et complètement anachronique !

Pierre Graffin

site web : http://www.themusicalbox.net

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