Enchant - Tug of War
Sorti le: 12/09/2003
Par Dan Tordjman
Label: InsideOut Music
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Chroniquer ce nouvel album d’Enchant n’est pas une sinécure : juste un an après la sortie du plébiscité Blink Of An Eye, le groupe californien revient avec Tug Of War, qui voit Bill Jenkins intégrer le groupe aux claviers, à la charge de Doug Ott depuis le départ de Benignus.
Avec Blink Of An Eye Enchant prenait un virage plus lourd, aux antipodes de A Blueprint Of The World , en privilégiant des compositions plus directes. Ce nouvel album n’impose pas de couleur: il alterne morceaux très sombres et titres plus entraînants. L’exercice instrumental, quasi-obligatoire dans le genre, n’est pas oublié avec “Progtology“, au titre significatif, une sorte de jazz fusion tirant sur progressif dans lequel le bassiste Ed Platt fait preuve de son talent.
Si Blink Of An Eye était accrocheur dès les premières écoutes, avec “Under Fire“ notamment qui ouvrait l’album, on ne peut hélas pas en dire autant de Tug Of War. L’ouverture “Sinking Sand“ reprend pourtant la recette qui avait fait merveille sur BOAE, mêlant mélodie et puissance, mais on accroche difficilement et l’envie guette de passer à la piste suivante. “Tug Of War“ et “Hold The Wind“ redressent le cap: deux titres poussés sur lesquels le chanteur Ted Leonard donne tout ce qu’il a, à croire que, comme le bon vin, l’âge lui réussit : il fera preuve d’une certaine diversité, alternant émotion et puissance et clarté au cours des titres.
Les thèmes évoqués ont de quoi donner à penser : “Sinking Sand“, né de la plume de Leonard, évoque son frère, malade incurable, “Living In A Movie“ relate la pire journée qu’on puisse passer et “Tug Of War“ le combat d’un homme contre soi-même, illustration de la pochette du disque.
Le point culminant de cette production, “Comatose“, clôture l’album de belle manière : de superbes parties de piano, un solo de guitare si simple et beau qu’il ne déparerait pas chez Steve Rothery, et Ted Leonard mettant enfin plus d’émotion dans son registre vocal.
Les claviers sont agréablement plus présents que sur les deux dernières réalisations du groupe et, paradoxalement, le nouvel arrivant Bill Jenkins ne donne pas l’impression d’en être à son premier Enchant : non content d’embellir les compositions avec des sons bien sentis, il co-écrit “Living In A Movie“ avec Doug Ott. Ce dernier pousse d’ailleurs la chansonnette sur “See No Evil“ et tire son jeu de guitare vers le haut, en versant dans des phrasés techniques rappelant parfois Alex Lifeson. Il touche également l’auditeur avec des lignes plus épurées et empreintes d’émotion.
Malgré l’attente et les spéculations, Tug Of War n’est pas un chef d’œuvre. Certes, le disque est bon, mais il n’apporte pas de bouleversement à la hauteur de son prédécesseur, le réussi A Blueprint Of The World.