Dysrhythmia - Pretest

Sorti le: 05/07/2003

Par Julien Negro

Label: Relapse Records

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Voilà une curieuse sortie pour le label américain Relapse : plutôt habitué aux groupes aimablement qualifiés de “bourrins”, voilà qu’il produit aujourd’hui le troisième album du trio Dysrhythmia. Qu’y a-t-il d’étrange là-dedans ? Dysrhythmia ne propose pas de black ou de death metal mais un hybride de progressif et de technique, une sorte de mélange entre Rush et Spastic Ink (Jeff Eber, batteur de la formation, joue d’ailleurs sur le prochain album du Spastic), le tout saupoudré d’indie rock et d’agressivité contenue. La production est impeccable et restitue parfaitement bien l’énergie du groupe : la guitare, toute en atmosphères, côtoie une basse au son assez sale (dans l’esprit de Yes ou Spock’s Beard) et le jeu de batterie de Eber mêle finesse jazz et fureur metal. Auditeurs éclairés, soyez prévenus, il vous faudra plus d’une écoute pour venir à bout de ce disque dense et vraiment atypique…

Comme son nom l’indique, Dysrhythmia est un gros consommateur de mesures asymétriques et en use allègrement tout au long de l’album. Sans être techniquement indigestes (les riffs de guitares sont très loin du shred et les mises en place bien moins démonstratives que chez Spastic Ink), les compositions de ce Pretest forcent tout de même le respect et montrent le potentiel et la maîtrise des trois instrumentistes : “My relationship” et “Annihilation I”, les deux titres les plus énergiques de l’ensemble, sont d’excellents morceaux de bravoure, alors que “Running shoe of justice” fera indéniablement penser au Rush de la période 1975/80. La formation n’oublie pas de s’atteler au traditionnel exercice du morceau “épique” avec “Touch benediction” et ses onze minutes de démesure instrumentale : l’intro, particulièrement psychédélique, amène une partie résolument jazzy où la batterie et une guitare cristalline règnent en maîtresses. Les trois musiciens de Dysrhythmia ont une approche plus qu’originale de leur instrument, ce qui donne cette saveur tout à fait particulière et complètement inattendue à l’album.

Dysrhythmia n’a certes pas inventé un style mais propose une variante du progressif instrumental qui n’avait jusqu’alors jamais été vraiment explorée. Nombreux sont ceux qui pourront se sentir déroutés à l’écoute de ces neuf titres plutôt déjantés et difficiles d’accès. Mais ceux qui chercheront à découvrir plus profondément la musique du trio américain risquent de ne plus en décrocher. Voici un excellent groupe à suivre de très près et qui a décidément beaucoup de choses à faire passer.