Conspiracy - The Unknown
Sorti le: 11/06/2003
Par Pierre Graffin
Label: InsideOut Music
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A l’instar de Roger Waters pour Pink Floyd, Chris Squire est bassiste et détenteur du nom « Yes » pour le groupe qu’il fonda et dans lequel il officie depuis plus de trente ans. De là à dire que Squire est à Yes ce que l’autre est au Floyd, il y a un pas immense qu’il convient de ne surtout pas franchir : s’il réussit là où Waters échoua au milieu des années quatre-vingt, il n’en a ni l’envergure, ni le talent et son influence au sein de Yes est plus politique que véritablement artistique. Il prouva néanmoins qu’il avait le pouvoir de faire changer in extremis le nom d’un groupe (il fit avorter la reprise de la dénomination « Yes » par le projet devenu ABWH – Anderson Bruford-Wakeman-Howe, lorsque Yes était en sommeil en 1989), même si ce projet avait une légitimité artistique qui dépassait largement les frontières d’une simple réunion opportune. Ce projet avorté finit d’ailleurs par aboutir au très inégal Union deux ans plus tard.
L’alliance improbable établie il y a trois ans avec le guitariste-clavier-chanteur-producteur (excusez du peu !) Billy Sherwood, viré à l’issue de la sortie d’Open Your Eyes, donna naissance à un premier album peu évident et qui ne restera pas dans les annales artistiques ou commerciales. Dans cette optique, on peut s’interroger sur la véritable raison de remettre le couvert quelques années plus tard. Et après avoir bien écouté la chose, la question reste cruellement en suspens…
N’y allons pas par quatre chemins : The Unknown est mauvais. Tellement mauvais que c’est à se demander si ce n’est pas fait délibérément. Passé un « Conspiracy » qui aurait échoué à l’examen de passage de face B de « Owner Of A Lonely Heart » en 1984, on attaque un « Confess » bourré d’effets vocaux inutiles, la voix de Sherwood rappelant d’ailleurs celle, tatillonne et rocailleuse, de Ray Wilson sur le dernier Genesis en date. Elle confine d’ailleurs au pénible avant la fin du disque. « ½ A World Away » est une balade convenue, « The Wheel » veut rappeler « Shoot High Aim Low » sur Big Generator mais la comparaison s’arrête dès la fin de l’introduction, et le début de « Premonitions » rappelle les mauvais efforts solos de Sammy Hagar, rescapé de Van Halen, le tout avant de sombrer dans l’auto parodie de Yes, époque 90125. L’ensemble sent hélas le réchauffé, sans le moindre petit soupçon d’imagination ni d’inspiration.
Si on ajoute à cela une production qui aurait déjà été démodée en 1987, on obtient un disque à oublier rapidement.