King Crimson - Happy With What You Have To Be Happy With
Sorti le: 11/12/2002
Par Djul
Label: Sanctuary
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Comme avec Vroom, qui annonçait Thrak en 1994, King Crimson renaît de ses cendres avec Happy with you have to be happy with, ouvrant la voie à The Power to Believe, dont la sortie est prévue en février 2003. Et tout comme pour Vroom, ce EP contient quelques pépites qui rendront l’attente de l’album encore plus insupportable !
En effet, on y retrouve deux titres figurant sur le futur opus, dont tout naturellement « Happy with… », dans une version écourtée encore plus puissante que l’original. Ce titre, sorte de croisement entre du Crimson pur jus à la « Elephant Talk », fait d’ailleurs irrésistiblement penser à Tool, avec un son brut de décoffrage et une rythmique saccadée, sans oublier la voix d’Adrian Belew sur les couplets. Ce dernier y est époustouflant, car, comme il l’explique dans notre interview, ce morceau était a priori inchantable ! De même, l’un des rares moments d’accalmie de l’album, « Eyes Wide Open », est proposé dans une très belle version acoustique (vu le morceau, le contraire eut d’ailleurs été étonnant), mais peut être moins hypnotisante que sa version électronique, le refrain manquant quelque peu de pêche.
Le reste des titres est inédit et d’une grande variété. On retrouve les poèmes japonais qui parsèment The Power to Believe, traités au vocoder, avec « Bude », « She Sudders » et « I Ran ». Dans le même esprit, le génial « Shoganai » débute sur fond de multiples percussions asiatiques enchevêtrées et probablement retravaillées électroniquement par Mastelotto que nous interviewerons prochaînement. Ce titre plaira sans aucun doute à ceux que la bande originale d’Akira n’avait pas laissé indifférents. Par ailleurs, Fripp n’a pu s’empêcher de placer un court morceau ambient, qui rappelle un peu la BO (encore !) de Blade Runner, et surtout ses « fripperies » solo, avec « Mie Gakure ». « Potato Pie » quant à lui, aurait mérité de figurer sur The Power to Believe : ce titre est une sorte de blues bien plus réussi que le « Prozac Blues » de The Construktion of Light, dont la voix trafiquée finissait par lasser. Ici, Belew chante en voix claire, et Fripp se régale en plaquant au mieux des accords diaboliques : la grande classe ! Reste le final live (enregistré à Nashville) avec le terrifiant « Lark’s Tongues in Aspic (Part IV) », tiré de TCOL. Beaucoup avaient remarqué l’indéniable amélioration des titres instrumentaux de cet album lors de la tournée qui suivit et sur le triple live Heavy Construktion, et effectivement, force est de reconnaître que ce morceau, déjà tellurique sur disque, est un maelström de guitares en fusion, de stridences et de batterie martiale sur scène dans cette relecture du classique de 1973. Le final, sur « I Have a Dream », est écourté et totalement instrumental, contrairement à la version album. Enfin, le disque s’achève sur une petite piste cachée tirée des sessions studios et qui nous prouve, comme le mentionnait Adrian, que l’enregistrement d’un Krimson peut même être… drôle !
Bref, Happy With What You Have To Be Happy With est un disque patchwork, certainement destiné aux inconditionnels et aux impatients, mais qui résume les multiples facettes du Roi. Les autres attendront The Power to Believe pour s’agenouiller.