Porcupine Tree - In Absentia
Sorti le: 11/12/2002
Par Djul
Label: Lava
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Les amateurs de progressif l’avaient déjà remarqué avec Signify : Porcupine Tree est l’un des seuls groupes contemporains à avoir le potentiel de proposer un album intemporel, de ceux qui vont durer et que l’on citera dans vingt ans comme Red ou Selling England by the Pound. Avec Stupid Dream, PT trouvait enfin le sens des compos accrocheuses, mais l’ambition des débuts était moins présente. Lightbulb Sun, très similaire à son prédécesseur, semblait indiquer la voie, en route vers une major. In Absentia balaye tous les doutes.
Steven Wilson propose ici une œuvre sans compromis, et le terrible « Blackest Eyes » est là pour le rappeler d’emblée, avec son riff et son rythme implacables. Dès la première écoute, le niveau d’ensemble des ingrédients est évident : Steven n’a jamais aussi bien chanté, sortant plus du registre calme et posé pour tenter des harmonies très hautes. Le son est également impressionnant de profondeur, mettant en valeur l’une des forces du groupe : des compositions accrocheuses à plusieurs niveaux d’écoutes, notamment grâce à Richard Barbieri, qui leur ajoute toujours des enluminures synthétiques. La basse de Colin Edwin est en revanche un peu plus en retrait qu’à l’accoutumée. Enfin, Gavin, le nouveau batteur, dans un registre pas si éloigné de l’extraordinaire Chris Maitland, est impressionnant, tant dans le sobre (« Trains ») que le puissant (« Strip the Soul »).
L’équilibre entre composition et expérimentation approche la perfection. « Trains » est un modèle du genre, et sans doute le meilleur titre du groupe, aussi efficace que du Pink Floyd dernière période avec sa guitare mi-acoustique mi-électrique, et son rythme qui ne tient pas en place. « The sound of Muzak » et « Prodigal » ont un potentiel grand public certain alors que dans le même temps, Porcupine aborde un genre résolument « metal » dans sa musique et ses thèmes sur « The Creator Has A Mastertape » ou le single « Strip the Soul », qui, étrangement, contient le refrain le plus faible (car convenu) du disque mais se rattrape par son break monumental, presque gothique. De l’autre côté, « Lips of Ashes », morceau délicat et travaillé à l’extrême (écoutez comment tout s’enchaîne naturellement, c’est diabolique !) ou les instrumentaux rappellent le meilleur de Signify par leur côté très moderne et multidirectionnel.
Après deux mois d’écoute intensive (NdRC: In Absentia était disponible en import chez certains distributeurs), un constat s’impose, de même que la note d’intérêt, la plus élevée jamais donnée dans Progressia : Steven Wilson se fait le Kasparov de la composition. Quel que soit le sens dans lequel on écoute In Absentia, l’humeur du moment ou notre connaissance de l’album, il garde à la fois toute la puissance d’un grand album de rock, et tout le mystère d’un grand album de progressif. Difficile à dépasser.