Nnecra Packê - Paracelse
Sorti le: 05/11/2002
Par Djul
Label: Musea
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Nnecra Packê kesako ? Ce nom étrange désigne une bande de terroristes marseillais qui viennent de réaliser un croisement inédit entre King Crimson, Landberk voire Nebelnest d’un côté et Sonic Youth, Mogwai, et Ministry de l’autre ! Et oui, rien que ça. Mais cela ne s’y limite pas non plus, car Nnecra Packê a une identité musicale extrêmement forte (malgré des titres enregistrés à un an et demi d’intervalle) et visiblement une seule hantise : la compromission. A titre indicatif et forcément subjectif, on pourra rapprocher cet OVNI d’un duo francais extraordinaire, mais passé un peu inaperçu : Nijal. Cependant, Nnecra Packê reste dans une approche purement instrumentale, à quelques murmures ou hurlements près !
Leur musique se situe entre passages calmes, lancinants et quasi-hypnotiques, et un énorme cataclysme sonore. Ainsi « You cannot kill your mothergate », après quelques arpèges répétés encore et encore, éclate dans un mur du son quasi industriel quand « Herakleitos » est porté en revanche par une rythmique infernalement robotique. Techniquement, tout va bien, merci : sans démonstration, Nnecra Packê sonne juste dans ses passages les plus durs comme les plus sereins et la section rythmique répond dans les deux cas, avec un goût prononcé pour la syncope.
Sur ce Paracelse, un titre sort du lot : « La Lune ». D’une durée de plus de 20 minutes, il vous fera passer par tous les stades. La première moitié est faite d’une musique calme aux harmonies tordues, quelque part entre le rock in opposition et Sigur Ros, mais cela ne dure pas… Il faut évidemment que nos amis explosent, et c’est un magma de métal qui s’abat, avec une guitare à la fois stridente et sursaturée en rythmique, qui se désagrège dans un solo de près de trois minutes (notons d’ailleurs le phrasé et le son très originaux du gratteux). Ce titre constitue un « Careful With That Axe Eugene » moderne où la folie d’un King Crimson côtoierait Treponem Pal ou Kill The Thrill (d’ailleurs remercié dans le livret, comme par hasard !!).
Phénoménal, le mot n’est pas trop fort.
Deux morceaux achèvent de confirmer ce que l’on savait déjà : « Skyfire », bien violent malgré son break mélodique, et le planant « Lost In Space », un titre que bien des groupes de musique indépendante aimeraient pondre !
En fin de compte, on ne sait pas ce qui impressionne le plus : le sentiment de mystère et de stupéfaction qui ressort à l’écoute de chaque titre ou celui que Nnecra Packê sait exactement où il veut en venir, et y parvient avec des instruments que l’on trouve pourtant dans le commerce !
Si ces types jouent en concert comme sur disque, plus personne ne les écoutera d’ici quelques temps : qui pourrait en sortir vivant ?!