Moody Blues - Days of the Future Passed
Sorti le: 01/10/2002
Par Pierre Graffin
Label: Deram
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La naissance du deuxième album des Moody Blues est une histoire assez amusante. En 1967, le label Deram, filiale de Decca, souhaitait faire la promotion de son tout nouveau système audio stéréo, le « Deramic Stereo ». Ils contactèrent alors les Moody Blues pour une version rock de la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak ! Néanmoins, avant de vouloir anticiper ce que firent plus tard Emerson Lake & Palmer avec leur version très personnelle des Tableaux d’une Exposition de Moussorgski, le groupe persuada le label de les laisser enregistrer leurs propres compositions avec une seule concession : se laisser accompagner par l’orchestre du London Festival, dirigé par Peter Knight.
Paru quelques mois après la sortie du Sergent Pepper’s… des Beatles, Days Of Future Passed est également un album concept, le deuxième de l’histoire de la musique contemporaine. Néanmoins, la comparaison avec les Beatles s’arrête là car l’accompagnement par un orchestre symphonique et la construction des différents morceaux préfigurent tout simplement ce que sera le rock symphonique et progressif, dont les Moody Blues sont les incontestables pionniers.
Si le concept de Days Of Future Passed (les différentes étapes d’une journée normale) participe d’une simplicité déconcertante, le traitement de l’ensemble est novateur et remarquable. Ainsi, « The Day Begins » annonce par petites touches orchestrales charmantes et subtiles les différentes mélodies que l’on découvrira au fur et à mesure du disque, à l’image de l’ouverture d’un opéra. Par la suite, « Dawn » laisse très progressivement la place à un « Dawn Is A Feeling » plus contemporain dans sa construction et dont la mélodie marque. L’ensemble du disque est d’ailleurs construit de la même manière : une introduction classique laisse la place à un morceau pop : « Peak Hour » en est sans doute la représentation la plus flagrante.
Néanmoins, et contrairement à ce que certains feront par la suite (Rick Wakeman, pour n’en citer qu’un !), on ne sombre à aucun moment dans le « grandiloquant » que l’aspect pseudo poétique, voire pompeux de certains textes, aurait pu susciter. On peut mettre cela au crédit de l’interprétation très gracieuse de l’orchestre de Peter Knight. Le compositeur et interprète Justin Hayward, arrivé en remplacement de Denny Layne, permet aux Moody Blues de sortir l’enlevé « Forever Afternoon (Tuesday ?) » et surtout l’intemporel et somptueux « Nights In White Satin ». Ce diamant musical de la fin des années soixante, comme le « Whiter Shade Of Pale » de Procol Harum, investira les sommets des classements du monde entier pour, fait extraordinaire, réapparaître sporadiquement au cours des années soixante-dix.
Si l’on fait abstraction de son côté aujourd’hui un peu suranné, Days Of Future Passed est une œuvre atypique, incomparable, et d’un intérêt historique magistral en tant que point de départ d’un mouvement qui perdurera jusqu’à nos jours. La carrière des Moody Blues sera d’ailleurs à l’image de ce mouvement : tenace – le groupe existe toujours ! – mais inégale.