Spock's Beard - V

Sorti le: 01/10/2002

Par Fanny Layani

Label: NTS

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Voici le successeur tant attendu de Day For Night, le quatrième album de Spock’s Beard qui, avec son aspect pop accentué et parfois jugé trop accessible par certains progophiles exigeants, avait laissé un certain nombre de fans sur leur faim.

Et pourtant, Day For Night regorgeait de perles et de trouvailles (« Gibberish », pour n’en citer qu’une…), trop bien diluées cependant dans un style qui devenait plus direct. Autant le dire tout de suite – même si cette assertion est à prendre avec des pincettes car un album de Spock’s Beard ne s’évalue vraiment qu’avec le temps – V est engagé sur la même voie et poursuit le travail amorcé sur son prédécesseur.

Cependant, tout en gardant cet aspect direct et allant même jusqu’à accentuer régulièrement le côté pop des compositions – à tel point que Supertramp n’est parfois pas loin – Spock’s Beard a su évoluer et se tenir à sa volonté d’audace stylistique. Ainsi trouve-t-on sur V des passages qui n’auraient pas dépareillé sur The Light (« The Great Nothing » plus particulièrement, marqué de l’empreinte reconnaissable de Neal Morse), ou même des harmonies vocales plus complexes encore que celles de « Gibberish ». Autre point positif pour les amateurs d’un peu plus de violence musicale : le côté hard du groupe n’a cessé de s’affirmer. Nick D’Virgilio massacre sa batterie avec une tendresse toute personnelle, et la Rickenbaker de Dave Meros, clinquante et ronflante à souhait, est également plus en avant. Pas d’affolement tout de même, la place d’honneur est réservée aux claviers et au chant de Neal Morse, en diable à de nombreuses reprises.

Cependant, si Spock’s Beard n’a rien perdu de son humour – on se demande en permanence à quel degré prendre chaque partie et chaque absence de transition, remplacée par un petit délire aux claviers, entre des thèmes n’ayant rien à voir les uns avec les autres- le groupe semble avoir mis la pédale douce sur la folie débridée qui faisait le charme des premiers albums. V recèle même des titres relativement inégaux, allant de l’excellent « Thoughts Part II » (enfin) au presque anecdotique « Revelation » en passant par le grandiose « The Great Nothing », composition épique de plus de vingt minutes, à la fois aliénée et très construite.

Le groupe a donc gagné en maturité de manière impressionnante, aux yeux de ceux qui pouvaient considérer son côté « jeune chien fou » des premiers albums comme une tare, et on retrouve de plus en plus étroitement mêlés humour au second degré (est-ce ainsi qu’il faut interpréter « Goodbye To Yesterday » ?) et passages beaucoup plus sérieux. Peut-être pourra-t-on simplement regretter l’aspect parfois trop direct de certaines compositions.