Rush - Moving Pictures

Sorti le: 01/10/2002

Par Julien Negro

Label: Mercury

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Une chose est claire : Rush a horreur de stagner, et c’est l’une des raisons qui en font une référence du mouvement progressif. Sur Moving pictures, le groupe s’engage plus encore dans la brèche ouverte par son précédent album, Permanent Waves. Les compositions se raccourcissent – seul l’excellent “The Camera Eye” dépasse la dizaine de minutes – mais cela ne retire rien au charme du disque, et un parolier extérieur fait sa toute première apparition dans la vie du groupe. Les trois Canadiens restent fidèles au grand Terry Brown qui leur sert, comme de coutume, une production impeccable de la première à la dernière note.

Si la première moitié du disque frappe d’embée, avec ses morceaux devenus depuis des classiques (“Tom Sawyer”, “Red barchetta” ou encore “Limelight”), la seconde partie de l’album, plus complexe et souvent sous-estimée, propose aussi quelques grands moments. « Witch Hunt », par exemple, mérite bien sa place de troisième partie dans la trilogie « Fear », qui se trouvera complétée à rebours sur les deux albums suivants, Signals et Grace Under Pressure.
Rush n’oublie pas son traditionnel instrumental avec le court mais efficace “YYZ” (dont le nom vient du fait que Neil Peart criait “Y.Y.Z.” pour commencer à jouer, au lieu de l’habituel “1. 2. 3.”), digne successeur de “La Villa Strangiato” et autres “Cygnus X-1”. Geddy Lee et compagnie n’hésitent donc pas à réutiliser de vieilles recettes tout en y injectant de petites nouveautés, le format des titres devenant plus conventionnel tout en gardant son originalité.

La bataille pour le titre de “meilleur album de Rush” est rude, et Moving pictures fait indéniablement partie des grands favoris. Avec Signals, sorti l’année suivante, il marque le début de la deuxième métamorphose du groupe qui optera alors pour un son plus moderne et des compositions plus “sophistiquées”. Pour ceux qui en doutaient encore, voilà un disque qui montre que le hard rock n’est pas uniquement une affaire de brutes.