Yochk'o Seffer - Condor

Sorti le: 14/10/2010

Par Mathieu Carré

Label: Musea Parallèle

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La carrière de Yochk’o Seffer témoigne avant tout et depuis longtemps d’un profond métissage artistique et culturel. D’un côté, ses racines hongroises, son amour pour John Coltrane et ses accointances avec le Magma des débuts ont construit un musicien passionné et ouvert. Son goût pour la matière et la peinture l’ont également amené à explorer d’autres pistes, aussi passionnantes en tant que peintre et plasticien.

Et c’est à travers ce monumental triple album inspiré des animaux sacrés de la mythologie inca que Yochk’o Seffer essaie de résumer toutes les facettes de son art. En débutant avec le premier disque expérimental et sauvage baptisé Puma, le saxophoniste rappelle les ultimes envolées de John Coltrane aux côtés du batteur Jean-Pascal Molina. La rencontre s’avère sans concession, parfois jouissive mais aussi un peu redondante et peinant souvent à maintenir l’attention sur la longueur. Ce sont surtout les interventions de la contrebassiste Joëlle Léandre, étonnamment lyriques et heureusement concises, qui convainquent le plus.

Avec Anaconda, Yochk’o Seffer laisse Sylvain Miller jouer des saxophones sur ses compositions et s’installe au piano. Son jeu sec, incisif, souvent dénué de nuances se révèle un support idéal pour les élucubrations venteuses de son acolyte, dans un duo très stimulant où soufflent de solides influences Zeuhl.

Enfin, avec Condor, le musicien se plonge dans ses racines hongroises et se pose en compositeur, pour une pièce monumentale et foisonnante pour quinze saxophones, de presque trente minutes, où l’improvisation laisse le plus souvent place à la maîtrise et la science de l’écriture. Mais le vrai trésor de ce dernier chapitre est sans conteste l’interprétation et la relecture de « Ima », un thème récurrent ici interprété devant les œuvres de Yochk’o Seffer qui défilent derrière lui, un supplément vidéo passionnant qui permet d’apprécier définitivement un artiste complet.