Panzerballett - Panzerballett

Sorti le: 29/04/2007

Par Jean-Philippe Haas

Label: Autoproduction

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Un disque instrumental capable de réconcilier les amateurs de jazz et les métalleux, vous y croyez ? Panzerballet tente le coup en associant une formation adaptée au bûcheronnage (deux guitares virtuoses, une basse et une batterie à la rigueur toute germanique) avec un saxophoniste impétueux. Le résultat aurait pu être, au choix : a) un album bruitiste, une cacophonie sans nom – b) une fusion étrangement naturelle. Panzerballett, c’est la victoire de la seconde option.

Et c’est une bien belle cohabitation que celle-ci. Dans ce gouvernement, le metal est roi. Dans l’opposition, qui peut sembler bien faible, le jazz demande à s’exprimer. Et cela fonctionne. La chaleur et la dextérité du saxophone de Gregor Bürger contrebalancent et atténuent les riffs souvent acérés de Jan Zehrfeld, par petites pointes savamment placées ou par des soli accompagnant des rythmique syncopées.

Souvent, deux phases ou plus alternent au sein d’un même titre. Ainsi, par exemple, sur le bien nommé « Zehrfunk », une ouverture très funky, à la rythmique endiablée, laisse rapidement une dominante jazz reprendre sa place sous la forme d’une alternance de soli entre Jan Zehrfeld et Gregor Bürger. De même, sur « Reload », le saxophone commence par prendre ses aises pour imposer sa coloration avant de se joindre à une rythmique sauvage génératrice d’un climat inquiétant. Tantôt meneur, tantôt accompagnateur, le saxophone est ici à l’aise dans tous les rôles. Sur « Aspirin Smoke », il parvient tout au long du morceau à contenir par son amplitude la fougue des guitares. Même sur « Meschugge », hommage aux Suédois de Meschuggah, il garde un rôle prépondérant, tempérant assez efficacement les ardeurs d’une rythmique implacable. Et si parfois, pour accentuer une atmosphère pesante, sa plainte chaleureuse et ronde est passé sans pitié à une moulinette d’effets qui le contraignent à pousser des grognements éraillés, il reste bien souvent maître de la situation, pliant mais ne rompant jamais face aux assauts pourtant appuyés de ses trois camarades.

En fin de compte, les aspect jazz et funk réussissent à l’emporter, parfois très largement, parfois in extremis, sauf sur les titres plus explicitement metal, comme « Zickenterror ». Le saxophone n’est pas ici qu’une simple curiosité superposée à un style qui lui est étranger, mais bel et bien l’acteur d’une fusion homogène et réussie entre deux genres souvent ennemis.