Kate Bush - Hounds of Love
Sorti le: 19/01/2005
Par Pierre Graffin
Label: EMI
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Hounds Of Love paraît en septembre 1985, soit presque trois ans après la sortie de l’expérimental The Dreaming, dont la réussite commerciale parait en demi teinte après le succès retentissant des premiers albums.
Avant d’attaquer l’écriture de cette pierre angulaire dans sa carrière musicale, la diva passa la plupart de son temps dans sa grande ferme du sud de Londres, améliorant sans cesse son tout nouveau home studio de 48 pistes. L’œuvre sera d’ailleurs en gestation pendant plus de dix huit mois. « C’est toujours difficile d’enregistrer un nouveau disque », dit-elle, « il faut créer suffisamment d’espace avec le précédent sinon, on a tendance à tomber dans la redite »… Or, il n’était pas question de faire une redite de The Dreaming, non seulement parce que cet album avait rebuté – à tort ! – certains de ses fans les plus convaincus, mais surtout parce que la belle n’est pas du genre à s’endormir sur ses lauriers : « la musique n’a de sens que si elle est le fruit d’un processus d’exploration ». C’est donc avec l’aide de son frère Paddy, de son petit ami Del Palmer et de feu Michael Kamen qu’elle entame alors « l’exploration » de ce qui deviendra son oeuvre la plus belle, la plus profonde, la plus inspirée et la plus aboutie.
L’album est divisé en deux parties distinctes. La première, « Hounds Of Love », s’étendait sur la première face du vinyle de l’époque, la seconde, « The Ninth Wave », occupant fort logiquement la deuxième.
Kate Bush décida, comme pour s’en débarrasser, d’enchaîner les « tubes formatés » sur la face A… Mais quels tubes ! L’imparable « Running Up That Hill (A Deal With God) », « Hounds Of Love » ou encore le magique « Cloudbusting » pour n’en citer que trois… Le premier fut sa plus grosse vente de 45t depuis « Wuthering Heights » la propulsant même dans le Top 30 américain. Ce ne fut pas sans mal : « cette chanson est l’exemple typique de ce que je ne voulait pas faire » dit-elle. En effet, le titre original devait être « A Deal With God » (un marché avec Dieu) mais le puritanisme américain ambiant, jugeant le titre blasphématoire, eut raison des convictions de la belle Anglaise.
La neuvième vague, dans la tradition marine, était vue comme la plus destructrice. Y survivre était considéré comme être tiré d’affaire. « The Ninth Wave » narre ici tout au long des sept titres qui la compose, l’histoire d’un homme dont la vie apparaît en flash devant ses yeux alors que, seul dans l’eau, il tente de ne pas se noyer. Cette deuxième face, envoûtante, habitée, est encore plus impressionnante que la première.
Dire que Hounds Of Love est un chef d’œuvre relève encore de l’euphémisme. Cet album est, de plus, l’un des seuls des années quatre-vingt à s’écouter avec le même bonheur vingt ans après. Tel un phare, il éclaire d’une lumière diaphane une voie que peu sauront suivre, et toute une décennie musicale.