Pink Floyd - The Piper at the Gates of Dawn
Sorti le: 13/12/2004
Par Pierre Graffin
Label: EMI
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En 1964, trois amis, George Roger Waters (guitare), Richard Wright (claviers) et Nick Mason (batterie), tous étudiants au Regent Street School Of Polytechnics, forment un groupe, nommé Sigma 6. Flop total, ses différents successeurs (The Abdads, Screaming Abdads ou même Architectural Abdads… !) rencontrèrent le même destin, jusqu’au jour où George abandonna son nom et sa guitare au profit de Roger et d’une basse.
Il recrute deux guitaristes : Bob Close et un certain Roger Syd Barrett. Close quitta le groupe avant même que celui-ci ne devienne Pink Floyd, en référence aux grands bluesmen Pink Anderson et Floyd Council. C’est sous ce nom que les désormais quatre musiciens enregistrèrent le célèbre « Arnold Layne », narrant les aventures déjantées d’un travesti volant les vêtements de femme sur les cordes à linge ! Ce titre réapparaîtra plus tard dans Relics et, malgré son succès, ne figurera pas sur le premier album.
L’enregistrement de The Piper At The Gates Of Dawn en 1967, eu lieu dans les studios où les Beatles enregistraient Sgt Pepper. On était alors en pleine vague psychédélique mais le Joueur de Flûte allait alors très vite reléguer le Sergent Poivre au rang de comptine pour enfant sage ! Syd Barrett, véritable ange maudit, vole presque naturellement la direction du groupe à Roger Waters pour une excursion musicale et sonore sans précédent.
Construit comme une suite de petites histoires plus hallucinées les unes que les autres, The Piper At The Gates Of Dawn navigue dans un univers à la fois bigarré et chatoyant, mais tourmenté et fiévreux façon rêve sous acide. On y rencontre, ça et là, des extra-terrestres explorateurs (« Astronomy Domine ») au cours d’un voyage interstellaire (« Interstellar Overdrive ») mais aussi un chat à la Lewis Caroll (« Lucifer Sam »), un curieux gnome à la Tolkien (« The Gnome »), un épouvantail à moineaux plus dépressif que véritablement effrayant (« Scarecrow ») le tout au cours d’une balade à bicyclette (« Bike »), prétexte à une chanson d’amour aussi inquiétante que faussement naïve.
Seul « Take Up Thy Stethoscope And Walk », unique morceau du disque signé par Waters, dénote par sa banalité dans cet univers génial et visionnaire.
Barrett ne supportera pas la pression qui suivit le succès fulgurant de ce disque et l’acide qui lui inspira cette collection de pépites le mènera doucement à la schizophrénie. Ecarté progressivement du groupe, il vit aujourd’hui reclus dans la région de Cambridge où certains lui vouent toujours un véritable culte.
Waters pourra enfin reprendre son rôle de meneur avant de devenir le despote que l’on sait…Pour beaucoup, Pink Floyd ne se releva pas de cette défection et sombra dans le « planant » à bas prix, facile voire même médiocre. C’est exagéré mais force est de constater que la destinée du groupe aurait certainement été tout autre sans l’impulsion créative de Barrett. The Piper At The Gates Of Dawn, déjà révolutionnaire dans sa production à l’époque, est un album fondateur et culte, incomparable, génial et incontournable : on peut ne pas l’aimer, mais difficilement ne pas le connaître.