Daedalus Spirit Orchestra - Ampulla Magnifying

Sorti le: 25/01/2010

Par Christophe Manhès

Label: Autoproduction

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Derrière l’élégante dénomination de The Daedalus Spirit Orchestra se cachent cinq musiciens français qui, sous l’égide du guitariste et compositeur Eric Lorcey, jouent un rock progressif ambitieux et moderne. D’origines variées, ce quintette transporte dans sa besace des influences proches de Porcupine Tree, Radiohead et The Mars Volta. C’est dire si cette musique possède de quoi séduire un grand public que l’on découvre aujourd’hui de plus en plus libéré des frontières émoussées de la pop. Mais pour décrire la parure de cette formation, il faudrait surtout se référer aux très recommandables Chiliens de La Desooorden, dont l’énergie des guitares s’accorde avec élégance aux ambiances world et folk.

Voilà pour le flacon. Quand au philtre c’est une autre affaire, disons plus délicate. Avec ce premier album, loin de manquer de bonnes dispositions, nos Hexagonaux ont mis la charrue avant les bœufs et commis un véritable gâchis. Certes le groupe s’exprime avec un sens mélodique évident, compose de belles parties instrumentales et possède avec son leader une voix et une guitare efficaces, qui savent agripper quand il le faut.

Seulement, Ampulla Magnifying est desservi par une production désargentée qui anéantit tous les sains appétits de ses géniteurs (l’horrible son de bidon creux de la batterie !). Quand aux compositions, bourrées de bonnes idées, elles sont desservies par de trop fréquentes et inutiles longueurs. Difficile dans ces conditions de rester jusqu’au terme de l’écoute d’un album trop long – une heure dix quand même ! – et qui aurait pourtant mérité mieux.

Le monde de la musique ne souffre pas que d’énormes et perturbantes mutations technologiques, mais également, et peut-être plus encore, d’une masse effarante de jeunes groupes qui se lancent dans la réalisation d’un album sans l’expérience et les moyens nécessaires. Ils se font plaisir mais oublient au passage les enjeux artistiques. Résultat, un énorme gaspillage qui, on peut vous le dire, désempare de plus en plus de rédactions pliant sous le poids d’une charge de travail ingrat.

En fin de compte, le disque a perdu son statut de consécration. Les groupes n’ont plus la patience d’attendre la maturité avant de s’exposer sur une galette. Au lieu de quoi, et pour revenir à lui, un groupe comme The Daedalus Spirit Orchestra sort un album nettement au-dessous de son véritable potentiel. C’est dommage pour eux, comme pour nous.