Bellini - The Precious Prize of Gravity
Sorti le: 19/05/2009
Par Christophe Manhès
Label: Temporary Residence Ltd
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Dans la série « À quoi bon », Progressia présente Bellini qui n’est pas, vous vous en doutez, un cover band version rock du fameux compositeur transalpin, mais un groupe de noise rock aux origines mixtes américano-siciliennes.
Si le rock est une catharsis, nul doute que le groupe s’y emploie sans complexe. Seulement la musique n’y gagne pas forcément à chaque fois une œuvre inoubliable. Et The Precious Prize of Gravity n’en est pas une. Pourtant on a quelques regrets car leur excellent guitariste Agostino Tilotta a des idées affûtées qui, dans le registre math rock dépouillé et hargneux à la Shellac, pourraient faire monter bien des sauces. Incontestablement, les riffs de « Susie » ou « Tiger’s Milk » font dans le bel ouvrage. Le seul problème c’est que ses petits camarades n’ont pas la même classe et le même talent pour allier simplicité et efficacité. Le batteur écrase ses fûts comme un maréchal-ferrant (« Daughter Leaving ») tout en donnant l’impression d’être incapable de négocier en douceur les virages rythmiques. Volontaire ou pas, à ce niveau-là, ce n’est plus un artifice de la rusticité mais de la simple balourdise. Et que dire de la voix blafarde de Giovanna Cacciola, chantant les affres de la mort et qui, nonobstant ses textes poétiques, réussit la performance de faire passer Droopy pour un chanteur punk ? La production abrupte de leur célèbre mentor, Monsieur Steve Albini himself, n’y change rien, The Precious Prize of Gravity s’ajoute, incognito, à l’amas de plus en plus épais des albums dénudés si ce n’est d’urgence électrique tout au moins des moyens de leur art.
Dans le bouddhisme, c’est le vide qui signifie le plein. Mais la musique de Bellini a beau privilégier la sobriété et l’efficacité, elle n’a rien d’un kōan zen. Écoutez les sublimes austérités de Spiderland des Américains de Slint au début des années quatre-vingt-dix, ou réexaminez la force hypnotique des premiers albums du trio allemand de Guru Guru, lancé à la face du rock’n’roll il y a maintenant près de quarante années et vous comprendrez facilement combien Bellini n’a pas réussi à atteindre ses objectifs. Les beaux éclats du guitariste n’y changent malheureusement rien. Parce que on ne fait pas un groupe quand on est seul à jouer.