The Walter Smith Project - The Walter Smith Project
Sorti le: 02/11/2007
Par Brendan Rogel
Label: 5 Roses
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The Walter Smith Project porte paradoxalement bien son nom, puisque ce projet n’a mûri que dans la tête d’un seul homme, Colin Ozanne. A l’exception de deux morceaux où on le retrouve accompagné par son confrère Fredric Aliotti (avec qui il forme le Cirque des Mirages, duo de chanson française), il est responsable de la totalité des compositions, ainsi que celui que l’on peut entendre derrière chaque programmation, chaque instrument à vent, à cordes, baignoire ou verre d’eau. Pardon ? Baignoire, verre d’eau ? Oui ! Car en plus d’être un multi-instrumentiste émérite, Colin Ozanne est un personnage à plusieurs visages, doublé d’un inventeur regorgeant d’idées.
Si sa musique devait être nécessairement étiquetée, il serait tentant de parler d’électro-jazz. Un morceau comme « Lundi 10 » l’illustre bien, où la majorité de ce que l’on entend est programmé, laissant le soin à Colin de suivre la cadence, saxophone au bec.
La personnalité est sûrement le grand atout de ce disque, bien que l’on retrouve dans tout cela des influences indéniables. « 26 décembre » et « Trois pianos » frôlent un psychédélisme très floydien, et « 78 gouttes » (aux fameux samples de verres d’eau) évoque le « TNT » de Tortoise. A l’instar de ces derniers, on peut traiter le sieur Ozanne de « petit malin », dans le sens où il se montre capable d’élaborer une musique de prime abord simple et touchante tout en la parsemant discrètement d’idées ingénieuses et d’expérimentations à tout bout de champ.
Dans l’ensemble, cette première production du WSP convainc et ne souffre pas vraiment d’essoufflements. Cependant, à l’instar d’un « Octobleu » qui commence sur des expérimentations assez évasives avant de rebondir sur l’un des plus beaux et plus intimes thèmes du disque, l’album reste parfois troublant par son manque de cohérence sur la longueur. En se rangeant parmi les « touche-à-tout » à la Tortoise, le Walter Smith Project n’arrive pas encore à leur niveau, car si ce possible inspirateur délivre une musique très hétéroclite, l’inspiré semble plutôt étaler un patchwork quelque peu décousu. Colin Ozanne reste néanmoins en très bon chemin, et marquera assez pour que l’on ait envie de suivre son nouveau projet.