Divers (Colossus) - The Seven Samuraï
Sorti le: 12/04/2007
Par Jérôme Walczak
Label: Colossus
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Et c’est reparti pour une tournée ! Après le Colosse de Rhodes, les western spaghetti, L’Odyssée d’Homère, et avant l’Île au trésor de Stevenson, Musea nous propose, sans jamais se lasser (eux), une nouvelle interprétation sur le thème des Sept Samouraï d’Akira Kurozawa. On ne connaît que trop bien ce genre d’exercice qui ennuiera assez vite l’auditeur rétif aux grandes fresques qu’affectionne tout particulièrement le rock progressif ; il ennuiera tout autant les nostalgiques de Jethro Tull, Le Orme, Renaissance, de Gryphon, pour ses reprises médiévales, et des italiens de Banco Del Mutuo Soccorso, pour leurs reprises plus lyriques et parfois plus baroques.
La coupe finit néanmoins par être pleine car nous avons affaire, dans ces exercices de style, à des manuels de pédagogie du « rock progressif en trois leçons pour les nuls ». Après avoir écouté ça, le néophyte aura sans doute une meilleure idée de ce qu’était la musique des années 70 : il entend de la flûte, du Hammond, il assiste à des développements à l’orgue et à la guitare toujours maîtrisés, il appréciera les clins d’œil plus ou moins subtils à Genesis, et notamment à la deuxième partie de The Lamb Lies Down On Broadway, sur la fin de « Alla corte degli eroi ». Mais ça tourne en rond, ça n’apporte pas grand-chose, c’est un peu trop lisse et trop propret et il est à craindre que cela finisse par fatiguer rapidement l’auditeur qui ne se hasardera pas à compléter sa collection.
Que dire ? Musicalement, le disque tient bien la route, il y a des ambiances, une atmosphère, pas de fausses notes, enfin, c’est un disque avec de la musique dedans, quoi… Les groupes sont de véritables pros, c’est un fait.
CAP nous propose un rock très mélodique, à la Gryphon et à la Jethro Tull, avec un final plein de gazouillis. C’est beau comme un faux concert de Woodstock… La partie douce étant achevée, Tempano se charge de la partie science-fiction, avec des clins d’œil – en l’occurrence ce ne sont plus des clins d’œil mais des coups de pelle mécanique – à Pink Floyd, à Le Orme et à tout ce qui s’est fait d’italien dans les années 80. C’est très joli, très baroque, limite Rondo Veneziano. On imagine deux ou trois masques vénitiens et des bougies sur la scène, ce serait parfait. La mélodie a une tendance à rappeler, assez anachroniquement, un groupe des années 90 aujourd’hui disparu : Iluvatar. Joli cocktail que tout cela, mais l’indigestion monte. Cette radio nostalgie du prog ne propose rien de neuf, rien de créatif. Passons sur la batterie particulièrement désagréable du début de l’interprétation de Trapoban : ni plus ni moins qu’une percussion de galérien. On a hâte que ça se termine, et il en reste encore vingt minutes. Le dernier groupe s’essaie dans le psychédélique bon teint, mais Gong ou King Crimson le faisaient mieux qu’eux.
Bilan : Renaissance, Gong, Genesis, Gryphon, un zest de Crimson, un poil d’ Iluvatar, emballé, c’est pesé. Après avoir écouté ça, les oreilles sont en carton et on aura mieux fait de réécouter les originaux.
Autrefois, Musea proposait des compilations à trente francs pour nous faire connaître le prog, ils ont choisi une autre option avec ces réinterprétations thématiques : c’est plus cher, les pochettes sont plus jolies, mais il n’est pas sûr que ce soit plus efficace. C’est une entreprise louable mais ça fait mal de constater que l’amateur de ce style de musique est lui aussi une perpétuelle cible marketing.