Baroness - The Blue Record

Sorti le: 18/11/2009

Par Jérôme Walczak

Label: Relapse Records

Site:

Dieu, qu’elle eut peur, notre bien aimée patronne, quand elle décida, avec la grâce et la miséricorde qui la caractérisent, seulement les jours pairs et les nuits de pleine Lune, d’attribuer le deuxième album de Baroness (recommandé si l’on aime Mastodon, Black Sabbath, Mogwai ou Explosions in the Sky, comme le précise fort justement le dossier de presse) à l’auteur de ces lignes, plus familier des nappes de claviers, des voix cristallines et des lutins qui tressautent !

Baroness suscite la curiosité depuis son disque précédent, The Red Album, qui fit, à juste titre, frémir de plaisir le giron musical. Ce n’est pas seulement du gros metal qui tache et qui vous fâche irrémédiablement avec votre voisinage. Les espaces explorés sont on ne peut plus variés et susciteront l’intérêt de l’amateur de base aussi bien que du mélomane, ce que chaque rédacteur se doit d’être.

Le substrat reste donc relativement apparenté à ce qui fit le charme de l’album rouge : des riffs enlevés et savamment construits (« The Gnashing », un monument de musique punk metal aux entrelacs mélodiques particulièrement accrocheurs), des moments plus limpides, voire psychédéliques (« Steel That Sleeps the Eye », une mélopée lente et hypnotique où les chœurs ajoutent à la construction une atmosphère d’étrangeté, voire de douceur qui surprend l’auditeur à songer l’espace de quelques instants à Pink Floyd). Globalement, cette nouvelle production propose des constructions musicales érudites, savamment organisées, peut-être même un peu trop. Dans le petit monde du metal s’emploie parfois le doux mot d’efficacité lorsque le disque passe sur la platine : bref, c’est une bouffée d’oxygène sans tressaillements et sans pauses, qui ébouriffe le quidam.

Cependant, la mosaïque des styles se révèle trop bigarrée, avec ses oscillations perpétuelles entre un rock très américain (« Ogeechee Hymnal » et son introduction qui rappelle fortement le Black Album de Metallica), ses moments plus progressifs qui arrivent un peu comme un cheveu sur la soupe (« Bullhead’s Lament »), ses mélanges de genres improbables (« Blackpowder Orchard » est un hybride entre la musique country et Mike Olfield), quand ce ne sont pas des incursions dans le hardcore qui finissent par désorienter les bonnes âmes.

Chaque titre est agencé avec brio, parfois même justement trop construit, et ces édifices plutôt élaborés finissent par dérouter par leur manque de cohésion. Ce disque décevra ceux qui avaient été emballés par le précédent ouvrage sonore. En revanche, et c’est louable, la succession de fines marqueteries musicales montre très clairement que chaque style ouvre des portes et permet d’explorer de nouveaux horizons. Voilà pourquoi l’indulgence devra être de mise.