Eric Minen - Electromoods

Ce musicien d’Annecy avait su charmer l’auditoire avec Mélodies Urbaines, un album doux sans être totalement mélancolique, dont l’ambiance electro crépusculaire se déclinait avec cohérence et une évidente volupté, ponctuée par une guitare présente alors en force. Pour ce second album, souvent un défi de haute volée pour tous les artistes, il a résolument orienté son art vers des sonorités plus planantes, marquées par de longues plages évolutives de claviers. Tangerine Dream et Air titillent les oreilles à l’écoute de ces morceaux, à l’accompagnement traditionnel où la guitare taquine les frontières de la musique new age.

La force des Mélodie Urbaines résidait justement dans ses mélodies, qui octroyaient à l’ensemble une parenté étroite et honorable avec les compositions d’un Jean-Pascal Boffo, par exemple. Ici, le sentier emprunté porte davantage sur les sensations que sur la mémoire et le plaisir d’écoute. Piste après piste, de longues mélopées relaxantes se succèdent sans que, malheureusement, il soit possible de garder en mémoire quelques titres phares, notamment le mal nommé « In Memory », qui s’astreint à développer une harmonique sur un temps assez long et pousse, inexorablement, l’auditeur patient vers les antichambres de Morphée.

Loin d’être désagréable, il semblerait cependant qu’avec Electromoods Eric Minen n’ait pas su tirer profit de son talent. Les impressions qui se dégagent restent assez équivalentes à celles d’une session de rei ki ou d’un stage de cuisine amérindienne en Lozère ; c’est efficace, doux sans être arrogant, mais il manque un petit charme, une rugosité permettant d’identifier plus facilement l’ensemble.

Dans cette cour, des géants comme Talk Talk avaient su capter et hypnotiser un public, en planant certes, mais demeurant actif. Dans le cas présent, la première partie du contrat est remplie mais l’absence d’un grain de sel, d’une identité affirmée, d’une saveur particulière n’assurera certainement pas une écoute pérenne et renouvelée.