Genesis - Genesis

Sorti le: 27/11/2003

Par Pierre Graffin

Label: Virgin Records

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C’est au début de l’année 1983 que ce qu’il convient désormais d’appeler « la bande de Phil Collins » se retrouve à The Farm pour enregistrer le successeur de l’expérimental Abacab. Ce dernier avait définitivement déconcerté les fans de la première heure et sonné en quelque sorte le glas de la période purement progressive de Genesis, dont Duke n’était déjà plus qu’un pâle ambassadeur.
Le groupe semble achever ici sa lente mutation, et l’influence de Phil Collins est plus que croissante. C’est à The Farm que les trois musiciens mettent en place leur méthode de création qui sera systématiquement utilisée par la suite : de longues heures d’enregistrement dont on ne garde que quelques passages pour élaborer les titres finis. C’est de cette manière que naît notamment le monstrueux « Mama », qui restera plusieurs semaines consécutives dans les classements internationaux et qui est, encore aujourd’hui, un incontournable hymne « genesien » troisième période.
Cette sombre histoire des aventures contrariées d’un jouvenceau avec une prostituée (le parallèle avec la mère est sans doute freudien !) sera même élue morceau le plus « hard » de l’année par la presse « metal » britannique.

Malgré les pièces de bravoure que sont « Home By The Sea » (la stupéfiante deuxième partie instrumentale de ce titre rappelle d’ailleurs fortement « Duke’s Travel / Duke’s End »), « Illegal Alien » (inégalable section rythmique) et « Silver Rainbow » (très « banksien » dans l’âme), le reste de l’album est assez inégal. Les « That’s All » et « Taking It All Too Hard » préfigurent même, malgré leurs indéniables qualités mélodiques, ce que sera désormais Genesis : une machine à tubes aussi efficaces que – parfois – décérébrés !
Tony Banks confiera d’ailleurs plus tard son manque d’inspiration au cours des sessions d’enregistrement de cet album et aucun inédit n’en sortira d’ailleurs sous le nom du groupe : seul « Call To Arms » figurera sur le premier album, plutôt réussi, de Mike & The Mechanics.

Malgré ses inégalités, Genesis est une pièce maîtresse de la période ‘Phil Collins’ du groupe, un disque bien produit, d’une rare énergie, et qui n’a pas autant vieilli que son successeur…