Pink Floyd - Dark Side of the Moon

Sorti le: 27/11/2003

Par Pierre Graffin

Label: EMI

Site:

Comment décrire un monument comme Dark Side Of The Moon, sans être redondant ni enfoncer des portes ouvertes ? Exercice de style particulièrement délicat : on a déjà tant écrit sur ce qui reste aujourd’hui le plus intéressant des disques du groupe, contrastant d’ailleurs furieusement avec l’inégal Obscured By Clouds sorti un an auparavant.

Dark Side Of The Moon est l’album de tous les superlatifs : classé pendant 741 semaines d’affilée dans les charts américains, plus de trente millions d’exemplaires vendus à ce jour, meilleure vente de l’histoire du disque après Thriller de Michael Jackson… Force est de reconnaître que peu d’œuvres peuvent se targuer de survoler les années en prenant si peu de rides et avec autant d’aisance.
Même en essayant de rester aussi objectif que possible, on reste subjugué par le côté visionnaire de ce disque. Si les premières mesures de « The Nile Song » sur More évoquaient irrésistiblement un genre qui s’appellera le grunge près de trente ans plus tard, c’est ici « On The Run » et ses boucles sonores qui préfigurent ce que sera l’électro. On pourrait aussi évoquer pendant des pages et des pages le génie intemporel du concept de l’album sur l’aliénation : les premiers battements de cœur suivis des cris de naissance (« Speak To Me ») et de l’émergence de la vie (« Breathe »), puis la course infernale des événements (« On The Run »), la cruauté et l’inexorabilité du temps (« Time ») qui conduit au crépuscule final (« The Great Gig In The Sky »). L’argent (« Money ») qui dicte et scinde la société entre les nantis et les pauvres (« Us And Them ») jusqu’à la perte de raison totale, irréversible (« Brain Damage ») et l’absence finale (« Eclipse »), d’ailleurs presque salvatrice.
On pourrait également s’extasier devant la qualité de la réalisation (un certain Alan Parsons était alors l’ingénieur du son), surtout lorsqu’une réédition récente en 5.1 rend enfin justice à l’enregistrement original, réalisé en quadriphonie pour un système audio qui ne fit pas long feu à l’époque. On pourrait enfin admirer sans réserve les interprétations d’une justesse et d’une beauté sans failles (le chant de Clare Torry sur « The Great Gig In The Sky », la mélodie langoureuse et imparable de « Us And Them »…) et sur la cohérence exceptionnelle de l’ensemble.

Bref, on pourrait s’étendre presque indéfiniment sur tout cela et bien d’autres choses encore mais on se contentera simplement de dire que Dark Side Of The Moon est extraordinairement fédérateur, universel, somptueux et hors du temps.