Elixir - Portraits

Sorti le: 07/05/2006

Par Justin Poolers

Label: Autoproduction

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C’est le printemps, les arbres bourgeonnent et les disques de prog Français – ce n’est pas un sous-genre, c’est un renseignement – éclosent ! De plus en plus de groupes, jeunes ou moins jeunes, franchissent le cap ces dernières années, et il serait dommage d’ignorer le phénomène. Elixir n’est pas un jeune groupe, loin de là : il nous revient tout droit des eighties avec cette démo intitulée Portraits. C‘est en effet à cette époque que sont parus les deux premiers albums du groupe, et la démo ci-chroniquée est un amuse-gueule en attendant le prochain. Certains diront que la collation aurait pu venir avant, car leurs fans d’alors sont sans doute morts de faim depuis longtemps !

Les six chansons contenues dans ce disque de démonstration – comprenez non commercial – arrivent assez bien à présenter la sphère musicale du groupe, à savoir un rock assez banal saupoudré de touches progressives. Si le genre aurait pu plaire à l’époque, il se trouve être malheureusement assez désuet de nos jours, si l’on prend acte de tout ce qui s’est passé depuis vingt ans. D’ailleurs, c’est peut-être une bonne chose que le groupe ait tenu à faire écouter son travail avant la gravure définitive dans le plastique, ainsi il leur appartiendra de rectifier ou non la trajectoire après lecture de cette chronique qui s’annonce malheureusement assez sévère.

Il y a donc deux rédactions possibles de la chronique de ce mini-album : soit on le compare à ce à quoi il est comparable : la multitude de sous-Ange qui continue d’arriver sur nos platines par vagues, soit on le met en concurrence avec toutes les sorties du genre « progressif ». Si avec la première solution, il atteindrait peut-être la moyenne, il se trouve que parmi la pléthore d’excellents disques de prog – Français ou non – le pauvre objet ne soutient aucune comparaison. Chant poussif, instrumentation de bon aloi mais laissant de belles carences de mise en place, et pour finir paroles trop peu imagées pour éviter le ridicule, voilà le plat qu’on veut nous faire avaler. Pourtant, d’assez bonnes idées musicales ponctuent le disque et feraient culpabiliser d’être aussi catégorique. Réflexion faite, si le groupe souhaite faire sa place parmi les bons groupes de progressif, il est préférable de leur donner des avis constructifs.

Le rock progressif Français souffre d’au moins une maladie : la mansuétude. Pour évoluer, il devra peut-être arrêter de se croire un sous-genre, et prendre exemple sur les meilleurs groupes internationaux pour la qualité des compositions, les arrangements, les paroles et la production, sans renier bien sûr sa propre culture. Est-ce trop demander ? Si oui tant pis, mais gardons alors nos ambitions à hauteur adéquate !