The Pineapple Thief - Little Man
Sorti le: 25/04/2007
Par Christophe Gigon
Label: Cyclops Records
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Déjà le cinquième album pour ces voleurs d’ananas britanniques ! Ce groupe, articulé autour du principal créateur Bruce Soord, existe depuis l’aube du troisième millénaire. C’est donc à une toute jeune entité musicale que nous avons ici affaire. Pineapple Thief bénéficie d’une renommée toute confidentielle malgré une production musicale de fort bonne facture et à la surprenante régularité, tant qualitative que quantitative. Le quintette crée une musique « pop-rock » du plus bel effet et non dénuée d’une certaine approche esthétisante et planante comme aspirent à la pratiquer beaucoup d’autres groupes opérant dans le même registre : Radiohead et Marillion naturellement mais aussi, et surtout, Anathema (dernière période évidemment) et Porcupine Tree (période Stupid Dream et Lightbulb Sun).
L’album 134 sorti en 2002 possédait déjà ce sens inné de la mélodie plaintive mais émouvante avec ces moments plus vifs et agressifs comme savent si bien les développer les musiciens de Radiohead. Ce disque possédait plein d’atouts mais n’a pas pu empêcher l’auditeur de retourner vers les originaux, à savoir Radiohead et Porcupine Tree. Mais, finalement, est-il possible de parler de cet excellent dernier disque de Pineapple Thief sans faire référence à Radiohead ? Malheureusement non, tant les climats et même certaines mélodies nous renvoient ostensiblement vers les terres défrichées par les excellents The Bends et OK Computer de la bande de Thom Yorke. Et c’est bien là le lourd défaut récurrent de cette jeune formation dont nous discutons.
Little man, dernière production de Pineapple thief, s’avère sensiblement meilleur que ses prédécesseurs qui étaient pourtant de fort agréables ensembles de chansons romantiques et affinées. La voix de Bruce Soord, bien qu’excellente, ressemble à s’y méprendre à celle de Thom Yorke (qui ?) et les musiciens l’entourant, tous très fins dans leur approche artistique de l’instrument, pourraient accompagner le chanteur d’Oxford sus-nommé sans que celui-ci ne remarque rien de l’audacieuse supercherie ! C’est dire que la voie choisie par Pineapple Thief pourrait s’avérer dangereuse à long terme et aboutir à un cul-de-sac. A ce titre, et juste pour s’amuser un peu, nous conseillons à l’auditeur potentiel de jouer au «nbsp;jeu des familles ». En effet, certains morceaux de Little Man semblent être des clones de titres de Radiohead des albums précités mais aussi de Kid A, Amnesiac et Hail to the Thief, le dernier effort en date des chefs de file de la « pop intelligente ». Nous laisserons les admirateurs névrosés du quintette d’Oxford (et Dieu sait s’il y en a !) s’amuser à jouer au jeu des ressemblances et reformer les couples ! Et malheureusement, le jeu ne sera pas bien difficile tant chaque morceau renvoie plus ou moins ouvertement à un quelconque des titres de Radiohead.
Comment conclure une telle chronique autrement que par « si vous adorez Radiohead, Anathema et Porcupine Tree, vous aimerez très probablement Pineapple Thief » ? Le chroniqueur aurait tellement souhaité écrire autre chose sur ce groupe et sur son dernier très bon disque mais il serait vain de se voiler la face. Tant que Pineapple Thief s’évertuera à jouer les doublures de luxe, il ne pourra qu’évoluer dans des sphères de seconde zone. Dommage car le potentiel est bien là et, nous le répétons, la musique proposée par le groupe est parfaitement maîtrisée et envoûtante. On attendra donc la fin de l’adolescence de Pineapple thief pour se repencher sur ce cas troublant.