Opposite Day - Safety First
Sorti le: 31/07/2007
Par Jean-Philippe Haas
Label: Autoproduction
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Après un Fictional Biology aux vertus rajeunissantes (cf notre chronique), Opposite Day est de retour avec Safety First, un troisième album construit sur une formule identique : formats courts et directs, truffés de changements et de petites trouvailles. Le trio en profite pour revisiter la définition de sa musique : « art-pop, experimental-punk, hyperabsurd uneasy-listening with a smile ». Tout un programme !
Point d’ennuyeuses répétitions, de longueurs inutiles ou des schémas figés sur Safety First, Opposite Day a depuis ses débuts avec Economics For Mr. Ugly pris le parti de surprendre en dotant chacun de ses morceaux d’une dynamique qui lui est propre, aussi court ou simple fut-il au premier abord. Oscillant entre une minute trente et presque cinq minutes, les dix-sept titres de Safety First brassent comme sur Fictional Biology quantité d’influences, rock et pop en tête, jazz, punk et metal suivant de près. L’album démarre sur les chapeaux de roues avec « Solid Baby », cocktail punk-rock survitaminé, typique de la recette d’Opposite Day : énergie, humour, économie, et ce petit quelque chose en plus qui relève la sauce. Une sophistication discrète parcourt ainsi l’album, visitant tous les styles, de la pop de « Laurentide » au jazz-rock d’« Elephant In A Pharmacy »
Mais Safety First va également plus loin que Fictional Biology, modérant quelque peu ses ardeurs métalliques au profit de nouvelles approches inédites pour le groupe : folk-pop sur « Install Paul Scoon »/ « Astronomy Overflowed » ou jazz-funk sur « Brains ». Les titres les plus longs comme « Like An Alien » ou « Spaceman Woman » rappelleront Kevin Gilbert ou les compositions les plus immédiates de Neal Morse, même s’il est fort à parier que nos trois compères n’ont jamais entendu parler de ces individus !
Les quelques défauts de Fictional Biology sont oubliés. Du haut de ses cinquante minutes, Safety First acquière le statut de véritable album face à la grosse demi-heure frustrante de son prédécesseur. Par ailleurs, une production et des arrangements sensiblement plus travaillés permettent à la basse de Greg Yancey de faire des ravages avec ses grooves chauds, soutenus par la frappe à la fois efficace et subtile du nouveau batteur Pat Kennedy tandis que Sam Arnold déploie un jeu de guitare varié, souvent direct mais qui sait également se faire sobre et nuancé.
Opposite Day se permet sur Safety First de faire la nique à tous les genres qu’il pratique, ne tombant jamais dans leurs travers. Sous couvert d’humour et de séduisants atours, les américains réussissent la performance de marier la complexité avec la simplicité. Oh, et puis plutôt que de se perdre dans une vaine synthèse, laissons le soin à Opposite Day de clore cette chronique : We sound like Zappa, but more poppy and heavy. Like the Pixies, but more shreddy and jazzy. Like King Crimson, but more concise and absurd. Like Primus but more melodic. Like Steely Dan but more insane and metal. Like They Might be Giants but heavier and mathier. Like Madonna. Exactly like Madonna.. Tout est dit !