Papier Tigre - Papier Tigre

Sorti le: 26/05/2008

Par Mathieu Carré

Label: Collectif Effervescence

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Le trio Papier Tigre, issu du dynamique collectif Effervescence, porte un nom positivement intrigant, en mélangeant violence et sérieux, et n’hésite pas à proposer une musique à l’avenant, qui puise son originalité dans des climats à l’hygiène un peu douteuse, autant que dans une certaine sophistication. « Math-punk !  » s’écrient les uns… « On s’en fout !!  » répliquent les autres… Loin d’un éventuel nouveau débat, le plus important réside dans ce que ces jeunes effrontés (Eric Pasquereau et Arthur de la Grandière aux guitares, Pierre Antoine Parois à la batterie) ont à offrir.

Avant tout, c’est un discours compact et affirmé qui sort de cette singulière formation. Les trois lascars savent où ils vont, leurs compositions courtes et directes profitent au mieux du déséquilibre entre les guitares très rêches et la batterie de Parois, qui cavale tant qu’elle peut et sort du sentier comme un cheval juste assez fou (ou sage ?) pour retourner dans le droit chemin quand il le faut. Entre les nombreux passages en pizzicato (« Writing on the Wall »), et les sonorités plus grasses, les guitaristes rappellent des groupes comme Sonic Youth ou The Ex. L’ensemble sent la sueur et le garage des parents insonorisé à coup de boîtes d’œufs, et le contraste avec le jeu plutôt aérien et inventif du batteur, qui regarde, lui, plutôt du coté de Don Caballero ou Chevreuil, n’en devient que plus plaisant. On trouve sur ce premier disque prometteur de vrais moments de bravoure (« Amusement Park »), de très bonnes idées (« Concrete Residential ») et surtout, une rare et salutaire qualité consistant à ne pas prolonger indéfiniment les titres lorsque l’on n’a plus rien à dire.

Entre ces points positifs, on en vient à regretter que cette inventivité demeure presque trop maîtrisée parfois. Le chant en anglais reste un peu en retrait et peine à susciter vraiment une adhésion totale. Comme s’il manquait quelques paquets de clopes de contrebande ou quelques cuites au whisky tiède pour permettre à Papier Tigre d’atteindre le curieux objectif qu’ils semble s’être fixé. Si ces trois musiciens digèrent un peu plus encore cette sophistication rythmique, pour ne garder que la colère adolescente qui couve en eux, et remplacent discrètement leur papier à dessin par du Kraft ou du PQ, l’auditeur sera bientôt comblé.