Nebelnest - ZePTO

Sorti le: 19/01/2007

Par Jean-Daniel Kleisl

Label: Cuneiform Records / Orkhestra

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La vague zeuhl / post RIO / musique concrète est encore pleine de vigueur ces dernières années dans les régions francophones. En témoignent des sorties d’albums assez nombreuses et surtout de qualité. En témoigne aussi le festival Rock In Opposition qui aura lieu du 13 au 15 avril prochain à Carmaux et dont justement l’un des représentant ne sera autre que NeBeLNeST qui avec ZePTO, sort son troisième album,

Le groupe semble suivre la voie initiée par ses deux précédents albums, à savoir un post rock in opposition pas nécessairement à l’avant-garde en matière d’innovation mais très sombre voire carrément violent (hardcore ?). Là où le premier album éponyme est marqué par l’improvisation, Nova Express est très écrit et possède une unité et une personnalité très fortes. ZePTO, quant à lui, mélange ces deux aspects pour un résultat quelque peu inégal. Il faut toutefois saluer cette prise de risque importante, car l’album n’a pas dû être des plus faciles à accoucher. En effet, il marque le départ du groupe du guitariste Cyril Malderez lors des sessions d’enregistrement de l’album. Celui-ci sera remplacé par Sébastien Carmona qui n’a pas à rougir de la comparaison avec son prédécesseur. Sans qu’il ait un impact majeur, ce bouleversement n’est pas anodin non plus dans la mesure où Olivier Tejedor est seul aux commandes du navire NeBeLNeST, y compris au niveau de la production, du mixage et du mastering. Et la conséquence est la suivante : l’importance des claviers ! Ceux-ci l’ont toujours été, certes, mais Bob Drake avait habilement su ne pas les rendre trop proéminents dans Nova Express. S’appuyant souvent sur un Mellotron cette fois massif et des sons de synthé très années 1970, Olivier Tejedor remplit parfois un peu trop l’espace sonore du groupe. Ceci dit, la production reste de haute qualité et l’incroyable section rythmique du groupe (Michel Anselmi et Grégory Tejedor) – pour comparer, elle est du même acabit que celle d’Anekdoten – est parfaitement mise en évidence !

L’album commence fort par un « Pillar of Birth » très enlevé, avec une utilisation judicieuse du Fender Rhodes et surtout du Mellotron sur lesquels se greffent des soli inventifs de guitare. Disons-le, les morceaux les plus intéressants sont ceux qui sont les plus écrits, c’est-à-dire toute la première partie de l’album, avec une mention spéciale à « The Old Ones » avec sa rythmique entêtante – magmatique – et ses nappes de Mellotron salace.
La seconde partie de l’album est composée principalement d’improvisations diverses parfois difficiles à digérer. La participation de Cyril Malderez est cantonnée principalement à ces morceaux. Loin d’être inintéressante, cette seconde moitié de l’album se révèle toutefois en deçà de la première, peut-être parce qu’elle est plus déconstruite justement, à l’instar de « Do What Thou Wilt » qui peine à retenir l’attention sur toute sa durée. Toutefois, cette seconde partie est sauvée, si l’on peut dire, par « De Thriumpho Naturae », un maelström mellotronisant et tétanisant, peut-être l’un des meilleurs morceaux jamais écrit par le groupe !

En voulant allier l’improvisation et l’expérimentation la plus extrême avec des pièces plus écrites, NeBeLNeST a fait un pari risqué avec ZePTO. S’il n’a pas été complètement réussi – Nova Express reste un cran en dessus –, il faut toutefois relever le niveau impressionnant des musiciens, la qualité certaine de près de deux tiers de l’album et la capacité du groupe à créer un mur du son qui plonge l’auditeur dans des abysses bien sombres et tourmentées. Assumant pleinement ses influences crimsonniennes et RIO, NeBeLNeST reste l’un des meilleurs représentants de cette scène française riche en quantité et en qualité.