Four Question Marks - Titan

Bien triste exercice que de porter sur l’autel de la chronique le travail d’une formation disparue depuis maintenant quelques mois, notamment quand elle emporte avec elle une démarche musicale intéressante et réfléchie, souvent et à juste titre comparée avec l’univers sombre des Suédois de Meshuggah.

Dès les premières notes, il serait tentant de partir sur ce terrain pour discuter des choix et de l’approche toujours aussi confondante : guitares armées de huit cordes assenant des riffs entêtants et poly-rythmiques sur une batterie et un chant plutôt monotones. Cette fois pourtant, il faudra beaucoup de mauvaise fois pour terminer l’écoute sur un avis si tranché frôlant la caricature.

Les Français laissent en effet apparaître un début de personnalité très solide et vraiment agréable tant il est affirmé. Sans savoir si la production un peu sale est volontairement brouillonne, elle transforme les compositions et refroidit encore davantage ces attaques en acier, dévoilant un véritable désert de glace. Tels des mousquetaires post-modernes, les trois instrumentistes s’aventurent dans des contrées peu fréquentées où trônent quelques « fiers » de lance comme Blut Aus Nord ou Klone. La brutalité est résolument maitrisée et la rugosité contraste magnifiquement avec la redondance biscornue des parties de guitares.

Dommage que ces élans de caractère ne soient encore qu’à l’état d’ébauche car ils risquent de ne pas faire long feu face aux acharnés de la comparaison qui, même si le vent a tourné, préfèreront exposer évidences et manque de rebondissements. Il faudra réellement faire preuve de minutie et d’analyse pour entrevoir la floraison de petites accalmies judicieuses qui font la richesse du disque. Autant chercher une fleur des champs sur une piste de ski. Cet embryon d’originalité, qui aurait pu grandir sur des terrains trop peu fréquentés, ne connaîtra jamais l’âge adulte. Ceux qui en seront attristés pourront néanmoins se targuer d’avoir au moins compris l’essentiel de Titan.